Le Fils de l'homme a le pouvoir de pardonner les péchés

 

Le Fils de l'homme a le pouvoir de pardonner les péchés (7ème Dimanche ordinaire – Année B)

 

Textes: Is 43, 18-19. 21-22. 24c-25; Ps 40(41); 2 Co 1, 18-22; Mc 2, 1-12

 

Is 43: Je pardonne tes révoltes à cause de moi-même

 

Dans ce passage, le Seigneur parle à son peuple. Dès le départ, il lui demande de ne plus se souvenir du passé. Une fois de plus, Dieu nous est présenté comme celui qui a formé son peuple. Tout au long de son histoire, il le renouvelle par sa présence et sa sollicitude. Plusieurs fois, le peuple a péché, et Dieu continue de lui pardonner ; il  ne veut plus se souvenir de ses péchés. Voilà une véritable cascade de réalités qui sont le signe concret de son amour miséricordieux et de sa liberté souveraine. Tout cela coule sur les hommes comme un véritable fleuve dont la source est Dieu lui-même. La racine de cet amour, qui est à la base de la création, c'est lui-même. Tout cela, il le fait à cause de lui-même. Il ne peut pas en être autrement, puisque le peuple, par ses péchés, l'a traité comme un esclave et l'a fatigué. Pire, il ne l'a même pas appelé et ne s'est même pas fatigué pour lui.

 

Psaume 40: Guéris-moi, car j'ai péché contre toi

 

L'ouverture de ce psaume est une béatitude pour l'homme qui pense au pauvre et au faible, parce qu'il reste ouvert à eux. Quand viendra pour lui le jour du malheur ou de la souffrance, le Seigneur le sauvera, le gardera en vie et le soutiendra. Dans la deuxième partie, c'est le psalmiste lui-même qui s'implique, en parlant à la première personne du singulier. En reconnaissant en Dieu celui qui aime, prend pitié et guérit, son cri devient un véritable appel au secours. Plus que cela, il affirme que Dieu l'a soutenu et l'a rétabli devant sa face, et ce, pour toujours.

 

2 Co 1: Jésus n'a jamais été que « oui »

 

Le passé dont parle la première lecture, l'apôtre Paul s'en souvient dans sa propre vie, avant la rencontre avec le Seigneur ressuscité, sur le chemin de Damas. Dans la ligne de la première lecture, l'apôtre Paul, lui aussi, ne s'est pas souvenu du passé pour s'y enliser. Il s'est rendu compte que Dieu avait réalisé en lui un « monde nouveau », ce qui lui a permis de se mettre désormais au service de Jésus qui, pendant toute sa vie, n'a été qu'un « oui » à la volonté de son Père. Il rappelle aux Corinthiens la manière dont Silvain, Timothée et lui-même ont présenté le Christ Jésus. Le but final, c'est la gloire de Dieu. Dieu, toujours agissant, aussi bien dans ses relations avec eux que dans celles avec l'Esprit qui habite dans nos cœurs, et dont nous devons reconnaître la présence agissante.

 

Marc 2 et conclusion

 

Le « oui » de Jésus à la mission confiée par le Père, ce sont toutes ces allées et venues, ainsi que les nombreuses rencontres avec ses compatriotes. Ici, nous sommes à Capharnaüm, à la maison. Il s'y rassemble une grande foule de gens à qui il annonce la Parole. Il enseigne. Voilà le fondement de tout ce passage: l'enseignement de Jésus, conformément au plan fixé par le Père. Il y a déjà beaucoup de monde. Mais la nouvelle de sa présence continue de drainer les gens vers lui. Une autre vague de gens arrive, et avec eux, un malade, incapable de se déplacer par lui-même, porté par quatre hommes. Nous admirons la solidarité de ces porteurs ainsi que l'ingéniosité de leur foi et de leur amour qui leur font trouver le moyen d'amener leur malade devant Jésus, qui voit leur foi et va réagir tout de suite par une parole: « Mon Fils, tes péchés sont pardonnés ».

 

Pourtant, de la part de ceux qui viennent d'arriver, il n'y a eu aucune parole. Nous sommes seulement devant la perspicacité extraordinaire du regard de Jésus qui voit la misère profonde au cœur de cet homme, misère liée à ses péchés. Rien n'est dit sur ses péchés, mais ce qui est sûr c'est qu'il s'agirait de plusieurs péchés. Péchés qui sont toujours une sorte de paralysie dans notre existence. Par ces six mots donc, Jésus a fait l'essentiel. Mais un « essentiel » qui pose problème, parce que seul Dieu peut pardonner les péchés, et non lui Jésus qui, selon les scribes, n'est qu'un homme. Ce raisonnement, les scribes n'ont pas le courage de l'exprimer ouvertement.

 

Qu'importe ! De même qu'il a pu, par lui-même, voir les péchés du paralytique, de même il lit les raisonnements des scribes et va y donner une réponse aux répercussions multiples: sur sa personne, sur les scribes, sur le paralytique et sur les nombreux auditeurs et, aujourd'hui, sur nous. Le péché est une réalité caché dans la vie et le cœur de l'homme. Seul Dieu voit ce qui est dans le cœur de l'homme. Et lui seul peut agir à ce niveau. Il nous est impossible de savoir comment. Cela n'est possible que par les yeux de la foi. Et, ici, Jésus, pour nous aider à croire, agit au dehors, par la guérison du corps. Ce n'est pas ce type de guérison qui est le plus important, mais ce qui a précédé, le pardon des péchés, qui est un pouvoir divin. Pouvoir que Jésus, Fils de l'Homme, a sur la terre, et qu'il vient de réaliser.

 

Alors arrive la troisième parole de Jésus: « Lève-toi, prends ton brancard et rentre chez toi ». Cette parole, comme la précédente, se réalise aussitôt: « L'homme se leva, prit aussitôt son brancard et sortit devant tout le monde ». S'il a été souligné dès le départ qu'à cause du monde, il n'y avait même pas de place devant la porte, comment l'homme guéri a pu sortir devant tout le monde ? Devant un tel miracle, l'ordre donné au paralytique était comme un ordre donné aux auditeurs présents qui devaient le laisser passer. Et c'est ce qu'ils ont fait presque spontanément.

 

Oui, Jésus est vraiment un libérateur, venu pour nous libérer de nos péchés. C'est le message fondamental de notre passage. Nos péchés, nous les connaissons bien à travers les commandements: « Tu ne tueras pas. Tu ne voleras pas. Tu ne mentiras pas. Tu ne commettras pas d'adultère. Honore ton père et ta mère ». Dieu nous demande de respecter toute personne humaine. Il faut respecter la vie de chaque homme et de chaque femme, quels que soientt sa région, son village, sa langue, sa situation sociale, son âge, sa famille, sa religion, ses opinions. Chacun de nous, pour bien vivre, a besoin d'une certaine quantité de biens: logement, habillement, nourriture, électricité, eau, argent, travail, etc. Il a droit à tout cela. Nous avons le devoir non seulement de le respecter, de ne pas le lui enlever, mais encore, quand il ne les possède pas, nous avons le devoir de l'aider à s'en procurer; c'est ce que nous dit le psaume: « Heureux qui pense au pauvre et au faible ».

 

La vérité n'est pas une idée, mais une personne, la personne de Jésus. Dans toute notre vie et dans toutes circonstances, nous devons chercher à être ses témoins, des hommes et des femmes qui vivent dans la vérité et luttent pour la promouvoir et la défendre. Nous demandons chaque jour la lumière de l'Esprit Saint et sa force pour éviter le mensonge et l'hypocrisie. Baptisés, nous sommes devenus le temple de l'Esprit-Saint, et notre corps appartient au Seigneur. Nous devons glorifier Dieu par notre corps. Cela suppose la purification de notre regard, de nos paroles et de nos gestes, surtout dans les relations entre hommes et femmes. C'est l'occasion de rappeler ici le devoir pour tout chrétien de vivre soit dans le célibat véritable, soit dans le mariage véritable. Cela devrait être présent dans tout programme d'éducation. Une éducation qui tient compte de tout homme et de tout l'homme, corps, âme et esprit. Et le pape Benoît XVI, cette année 2012, nous demande de mettre l'accent sur l'éducation des jeunes « à la justice et à la paix ».

 

Que le Seigneur nous éclaire sur tous ces points et, si nous péchons, nous donne le courage de nous approcher du sacrement de pénitence. C'est de cette manière seulement que, fidèles à notre vocation chrétienne, nous contribuerons à la transformation de nos familles, de nos communautés, de notre société, de notre pays et de notre monde.

 

Mgr Bernard NSAYI

Evêque émérite de Nkayi