Si quelqu'un veut me servir, qu'il me suive

 

Si quelqu'un veut me servir, qu'il me suive (5ème Dimanche de Carême, Année B)

 

Textes : Jr 31, 31-34; Ps 50(51); He 5, 7-9; Jn 12, 20-33

 

Jérémie 31: Je conclurai une alliance nouvelle avec eux

 

Dans la Bible, le terme alliance, rattaché souvent à la personne d'Abraham et des prophètes, a pour premier et principal protagoniste Dieu lui-même, qui en prend l'initiative et la maintient par sa fidélité infatigable. L'autre protagoniste, c'est le peuple d'Israël, qui la met à rude épreuve par ses péchés. Et le Seigneur, ici, par Jérémie, rappelle tout cela et annonce, de façon solennelle, une autre alliance, caractérisée par une Loi, non pas extérieure, inscrite sur des tables de pierre, mais intérieure, inscrite au fond des cœurs.

 

Par cette alliance, le Seigneur fera prendre conscience au peuple de ses péchés. Dieu lui pardonnera. De façon nouvelle, Dieu sera  vraiment leur Dieu et lui sera son Peuple. Par peuple, il ne s'agira pas d'une unité collective et anonyme, mais chaque membre du peuple sera concerné  personnellement. Une telle alliance est une annonce que seul Jésus réalisera en acceptant de mourir pour nos péchés. Ainsi sera réalisée l'Alliance éternelle et définitive.

 

Psaume 50 : Rends-moi la joie n'être sauvé

 

Voici un psaume qui nous est vraiment familier, parce qu'il nous est proposé presque chaque semaine, à la prière des Laudes du vendredi. C'est un psaume de pénitence dans lequel le psalmiste, en toute humilité, reconnaît son péché. Il est attribué au roi David qui, après son péché avec la femme d'Urie et sa rencontre avec le prophète Nathan, reconnaît sa faute devant le Seigneur et lui demande pardon. Nous avons ici un texte d'une grande simplicité et d'une grande profondeur. Il est toujours actuel et nous aide à entrer nous-mêmes dans cet esprit d'humilié, de reconnaissance et d'aveu de nos fautes devant le Seigneur. C'est aussi un passage qui nous rappelle que la finalité  de cette prière c'est le renouvellement intérieur et une joie exceptionnelle que Dieu, en même temps que son pardon, accorde à l'homme repenti.

 

Hébreux 5: Par ses souffrances, le Christ a appris l'obéissance

 

L'auteur de ce passage nous apprend ce que Jésus a fait pendant les jours de sa vie mortelle: il a supplié et a prié Dieu, qui pouvait le sauver de la mort. Nous retenons qu'il a toujours été en relation avec son Père. Il savait qu'il nous sauverait par sa mort. Il savait également que Dieu le sauverait de la mort. C'est dans cet esprit que, tout en étant Fils de Dieu, et en toute confiance, il a appris à obéir à son Père, en acceptant de souffrir. C'est ainsi qu'il nous conduit à la perfection, à condition que nous lui obéissions. En agissant ainsi, Jésus nous montre comment nous-mêmes devons nous comporter face à la souffrance et aux difficultés que nous rencontrons. Nous devons vivre tout cela, le regard fixé sur Jésus, toujours fidèle à la prière quotidienne et à l'esprit qui a guidé Jésus durant toute sa vie.

 

Jn 12: L'heure est venue pour le Fils de l'homme d'être glorifié

 

L'expression Fils de l'Homme, que Jésus revendique directement dans plusieurs passages de l'évangile, est une expression mystérieuse mais qui est étroitement liée à la gloire et à l'eschatologie, c'est-à-dire à la fin des temps ou, mieux encore, à la réalisation définitive du plan de salut que Dieu a prévu pour nous. Cette expression est liée à celle du Messie, dans le sens où l'entendaient les Juifs, dont Pierre lui-même. Une telle expression excluait, dans l'esprit des Juifs (donc des apôtres aussi), l'idée de toute souffrance et surtout de la mort. C'était là le mode de penser des hommes, et même une inspiration de Satan, mais non le mode de penser de Dieu (Cf. Mt 16, 21-23).

 

Dans une semaine, avec le dimanche des Rameaux et de la Passion, nous entrons dans le mystère pascal, celui de la mort et de la résurrection de notre Seigneur Jésus Christ ; c’est un moment d'une densité unique dans l'histoire du salut, dans l'histoire de notre monde, dans l'histoire de chacune de nos vies  et dans notre année liturgique. Plus que jamais, nous sommes invités à fixer notre regard sur Jésus qui se prépare à affronter non seulement « son Heure », souffrir et mourir pour nous sur la croix. Ce mystère de notre rédemption, qui est un mystère du Fils de Dieu, membre de la Sainte Trinité, est un mystère qui nous demande d'approfondir encore la manière dont se présente la relation de Jésus Fils de Dieu, à son Père.

 

Notre évangile se présente comme une révélation du Fils de Dieu. Il révèle que le Fils est étroitement lié à son Père dans tout ce qu'il fait. Il nous révèle que le mystère de sa mort sur la croix est le mystère et la condition de sa glorification. Le mystère de sa mort est le mystère de son passage de la mort à la vie. Mystère dur, mystère de la souffrance, étroitement lié à la vie et à la mission même de Jésus, notre Sauveur, qui nous invite à le suivre dans ce mystère. Ce mystère est un mystère d'humilité et de service. En acceptant de mourir pour notre salut, il nous montre le chemin, la voie du véritable du service, c'est-à-dire de l'amour, de la charité fraternelle et de la vraie solidarité, jusqu'au don de sa vie (Mc 10, 35-45).

 

Ce passage est également une théophanie qui nous ramène à la révélation de Jésus aux Rois mages, à son baptême et à sa transfiguration. A Bethléem, Jésus, tout petit, tout pauvre, s'est révélé, avec la visite des Rois mages, comme Dieu et comme un Messie destiné à mourir, puisque la myrrhe était l'annonce de sa sépulture. C'est une théophanie liée au baptême de Jésus, puisque là, comme ici, la voix de Dieu le Père se fait entendre. Là, c'était pour dire que Jésus est le Fils bien-aimé du Père, que nous devons écouter. Ici, le Père indique l'imminence de la passion et de la mort de Jésus, et la révélation que le Fils a été glorifié et sera glorifié encore.

 

La mission de Jésus était de détruire le règne de Satan dans le monde et dans le cœur des hommes. La mort de Jésus sur la croix sonnera la défaite définitive de Satan et de son règne. « Voici maintenant que le Prince de ce monde va être jeté dehors ». Là encore, voilà un mystère auquel nous devons croire. Et ce n'est pas tout. Jésus précise ici la manière dont il va mourir, suspendu à la croix. Paradoxalement, cette mort ignominieuse est le chemin de la gloire et le lieu d'où Jésus attirera à lui tous les hommes. Il réalisera ainsi l'unité de tous les fils de Dieu dispersés à travers le mode. « Quand j'aurai été élevé de terre, j'attirerai à moi tous les homme ».  Il signifiait par là de quel genre de mort il allait mourir.

 

Pour une bonne préparation à la fête de Pâques, donnons une place plus large et plus attentive à la Parole de Dieu et à la méditation de cette Parole, chaque jour, pour mieux rencontrer Jésus dans son mystère pascal, qui est aussi notre propre mystère. Pour ne pas rester dans le vague ou dans  de bonnes intentions stériles, entrons réellement dans ce mystère de notre rédemption, en reconnaissant sincèrement nos péchés et en nous approchant du sacrement de la confession, pour être purifiés, avoir la force de lutter contre le mal, et pour entrer dans la véritable joie, celle que donne le pardon de Dieu

 

Mgr Bernard NSAYI

Evêque émérite de Nkayi