Il a posé sur lui un regard d’amour

 

Il a posé sur lui un regard d’amour (30ème Dimanche ordinaire – Année B)

 

Textes : Jr 31, 7-9 ; Ps 125, 1-6 ; Mc 10, 46-52

 

Chers frères et sœurs,

 

L’évangile de ce dimanche nous rappelle, entre autres, la nature des relations que Jésus tissait avec certains de ses contemporains. Quelle que soit la situation sociale de l’une ou l’autre personne qu’il rencontrait sur ses chemins, il savait l’attirer à lui. Il se devait de lui donner, ou redonner confiance et espoir.

 

Aujourd’hui, comme nous venons de le lire, Jésus ne va pas à la rencontre de Lévi, assis sur son bureau ni de Zachée, perché sur un arbre, ni non plus auprès de la belle-mère de Pierre allongée dans son lit de malade, mais de Bartimée, « le mendiant aveugle », assis au bord de la route. Autrement dit, il va à la rencontre d’un laissé-pour-compte qui, certainement, n’était pas accompagné par son père Timée, ni par un membre de sa famille. Il est laissé à lui-même, à son propre sort, dans sa lutte pour la survie, comme cela se constate malheureusement encore de nos jours. Aujourd’hui, sur nos chemins, nous rencontrons d’autres Bartimée. Quel regard nous portons sur eux ? Aujourd’hui, nous reconnaissons les progrès incontestables que « comptabilise » notre humanité dans divers domaines, pour combattre, par exemple, la faim, les discriminations sociales. Il est vrai qu’il y a encore des Bartimée autour nous.

 

Oui, l’évangile de ce jour nous parle encore au sujet de la nature de nos relations. En effet, il y a lieu de nous demander : vers qui sont-elles orientées ? Que produisent-elles ?  Quel regard portons-nous les uns sur les autres ? Voila pourquoi nous sommes invités à relire, ce que nous pouvons appeler, le contenu de nos relations interpersonnelles. Relecture à faire, en fonction de celles que nous témoignent et enseignent Jésus, lui qui était capable de comprendre cette foule qui le suivait : il a su poser son regard sur cette personne marginalisée, voire répugnante.

 

Oui, la Parole de Dieu de ce jour nous donne l’occasion de redécouvrir aussi le regard que Jésus porte sur tous ceux qu’il croise sur ses chemins. Devant cet homme, mendiant et aveugle, entendant son cri de désespoir, Jésus ne passe pas son chemin, bien qu’entouré par une grande foule. Il porte plutôt attention aux cris suppliants de cet homme, qui est contrarié par cette même foule qui le suit et veut en quelque sorte s’accaparer de lui. Oui, Jésus prend le temps de s’arrêter pour l’écouter car, pour lui, chaque personne a du prix, même celle qu’on considère comme « lépreux », donc assignée à vivre hors de la société. Cependant, il ne veut pas non plus exclure la foule, il l’implique dans sa démarche. Ainsi, se sont certains membres de la foule qui transmettent l’invitation de Jésus qui dit : « Appelez-le ». Tout de suite, leur jugement et leur attitude changent vis-à-vis de cet homme. Eux, qui l’ont rejeté il y a quelques instants, le reconnaissent comme une personne. On l’appelle, et on lui dit : « Confiance, lève-toi, il t’appelle ».

 

Voilà comment Jésus a su gérer sa relation avec ces protagonistes qui, apparemment, ne pouvaient se regarder ni se parler, et surtout ne pouvaient pas s’entraider. Il a suffit que Jésus pose sur lui un regard d’amour, fascinant, même si la personne ne pouvait le dévisager, pour que les autres se sentent comme confondus, mais surtout qu’ils finissent, à l’instant même, à se tourner finalement vers ce laissé-pour-compte, et le prendre en considération. « N’aie pas peur, laisse toi regarder par le Christ, laisse toi, regarder car il t’aime. Il a posé sur moi son regard, un regard plein de tendresse, il a posé sur moi son regard, et m’a dit ‘viens ne crains pas’.

 

Oui, c’est finalement ceux qui croyaient avoir un bon regard, en interdisant l’aveugle de ne pas s’adresser à Jésus et de s’approcher de lui, qui ont fini par se rendre compte, avec le concours de Jésus, que ce sont eux qui étaient en fait « aveugle ». Ainsi, par Jésus, ils se sont approchés, ils ont tourné leur regard vers cet homme. Cet homme « malade » leur a donné un bel exemple de foi, à eux mais aussi à nous qui pensons parfois mieux voir que les autres, ou savoir mieux que les autres. Oui, ceux qui avaient la vue n’étaient pas à même de reconnaître ce « mendiant aveugle » comme un être humain qui a les mêmes droits qu’eux, qu’il méritait d’être respecté et écouté par Jésus qui nous dit : « Je ne suis pas venu pour les bien-portants mais pour les malades », pour les laissés-pour-compte, les sans abris… Que ce même Jésus nous envoie son Esprit, pour qu’il nous aide à refléter son regard dans nos relations.

 

Abbé Charles MABIALA PAMBOU