L’Année de la foi : enjeux et défis pour l’Eglise-Famille de Dieu au Congo

 

L’Année de la foi : enjeux et défis pour l’Eglise-Famille de Dieu au Congo

 

La période allant du 11 octobre 2012 au 24 novembre 2013 a été décrétée Année de la foi, par sa sainteté le pape Benoît XVI. Ce, à l’occasion du 50ème anniversaire de l’ouverture du concile œcuménique Vatican II et du 20ème anniversaire de la promulgation du Catéchisme de l’Eglise Catholique. Pour aider le peuple de Dieu à vivre plus profondément ce temps de redécouverte du mystère de la foi, le Pape a écrit, en forme de Motu Proprio, la lettre apostolique Porta Fidei (Porte de la foi). A travers ce document, le souverain pontife entend replacer au centre de l’attention ecclésiale, l’exigence de demeurer dans la vie de foi. En effet, « La porte de la foi (cf. Ac 14, 27) qui introduit à la vie de communion avec Dieu et permet l’entrée dans son Église est toujours ouverte pour nous. Il est possible de franchir ce seuil quand la Parole de Dieu est annoncée et que le cœur se laisse modeler par la grâce qui transforme. Traverser cette porte implique de s’engager sur ce chemin qui dure toute la vie » (Porta Fidei, n° 1).

Par ailleurs, au Congo, après deux années consacrées à la vocation et la mission des fidèles laïcs dans l’Eglise et dans la société, la 40ème assemblée plénière des évêques, qui s’est tenue à Brazzaville, du lundi 16 au dimanche 22 avril 2012, a planché sur « La question sociale au Congo : lutte contre la pauvreté ». Ce décor, planté par cette trame circonstancielle chargée de sens et de symboles, met en exergue, au moins, deux déterminants majeurs de la mission évangélisatrice, à savoir l’enracinement de la foi et la lutte contre la pauvreté. A vrai dire, l’annonce du message du salut en Jésus-Christ au Congo n’aura réellement son poids d’éternité que par l’assomption de la destinée naturelle et surnaturelle du peuple de Dieu. Il importe donc de rechercher les possibilités objectives et les conditions subjectives d’une évangélisation en profondeur de notre pays, à partir de ses défis sociaux et pastoraux.

1 – Ouvrir les portes de la foi

La foi est un don de Dieu et une réponse de l’homme à la révélation de Dieu. Elle est donc à la fois un don et une mission. Les portes de la foi s’ouvrent par l’action évangélisatrice du monde. C’est la tâche fondamentale et la mission primordiale que l’Eglise a reçues de son divin fondateur (Mt 28,19-20). Ainsi, le développement d’un véritable dynamisme pastoral, couplé d’un élan missionnaire, est plus qu’urgent, afin que la Parole de Dieu soit annoncée, accueillie, vécue et célébrée sur toute l’étendue du territoire national et par toutes les couches de la population congolaise. Cela étant, une attention spéciale devrait être portée sur les zones habitées par les peuples autochtones. Pour évangéliser en vérité et en profondeur, il faut, dans une certaine mesure, ménager un degré de témoignage, de cohérence entre la foi et les normes éthiques, afin que le message du salut soit vivant et transparaisse en ceux qui l’annoncent. Cet aspect est le gage de la crédibilité de l’évangélisation et de la catéchèse dans notre pays. C’est le prix à payer pour parvenir à l’auto-accomplissement de l’Eglise-Famille de Dieu croyante au Congo.

Outre dans les paroisses, ou autres lieux classiquement reconnus, la Parole de Dieu doit aussi retentir dans les quartiers, les villages, à travers des Communautés Ecclésiales Vivantes, et surtout dans les familles afin qu’elles deviennent « chemin de foi et en quelque sorte initiation chrétienne ou école de vie à la suite du Christ » (Jean Paul II, Familiaris Consortio, n° 39). Ces lieux sont non seulement des espaces propices pour l’évangélisation, mais aussi des cadres concrets d’exercice de la charité, notamment envers les plus pauvres. Aussi, favorisent-ils une pastorale de proximité éminemment organique et constituent-ils un rempart sûr contre les nouveaux mouvements religieux. D’où la nécessité de porter une attention particulière à la formation chrétienne initiale et permanente des fidèles, pour qu’en approfondissant leur connaissance du mystère chrétien, ils nourrissent davantage les racines de leur foi et en témoignent par la sainteté de leur vie. Ainsi, pourront-ils prendre conscience de leurs engagements baptismaux et des exigences de leur appartenance au Christ, en vue d’une présence toujours plus active dans la société.

2 – Professer une foi vivante

La vie chrétienne est une dynamique qui n’exclut aucun aspect de l’existence humaine. C’est un tout qui est mû par une foi vivante. La foi n’est vivante que par les œuvres : « Comme le corps sans l’âme est mort, de même la foi sans les œuvres est-elle morte » (Jc 2, 26). La profession de foi n’est donc pas un vernis qui brille sur les lèvres des chrétiens, mais un engagement qui inspire une mystique du service de Dieu et du prochain. Ainsi, grâce à la collaboration admirable des fidèles laïcs avec leurs pasteurs, l’Eglise-Famille de Dieu au Congo est appelée à un sursaut de foi au service du pays et en cohérence avec l’évangile. Devant les violations des droits humains fondamentaux et toutes les situations d’injustice, de mauvaise gouvernance, de fraude, de népotisme, de tribalisme, de complaisance, de mauvaise gestion du bien commun, de corruption, de concussion, d’impunité et de toutes les autres pratiques qui manifestent tristement un manque de profondeur de la foi et d’épaisseur spirituelle, les chrétiens du Congo ne doivent pas passer leur chemin avec un pieux froncement de sourcils. Ils doivent annoncer la volonté de Dieu, dénoncer le péché, renoncer au mal et instaurer, par la Parole de Dieu et leur exemple de vie, le règne de Dieu, un règne d’amour, de réconciliation, de justice et de paix. Et puisque les évêques du Congo, dans leur Message du 22 avril 2012, ont tiré la sonnette d’alarme sur la question sociale, en l’occurrence la lutte contre la pauvreté, il revient au peuple de Dieu dans son ensemble, au gouvernement de la République, à la classe politique, à la société civile, à tous les habitants du Congo, aux Congolais de la diaspora et à toutes les forces vives de la nation, chacun selon ses compétences, d’œuvrer inlassablement pour le bien-être, tant collectif qu’individuel. Car, « combattre la pauvreté c’est construire la paix », comme le disait le Pape Benoît XVI.

Fabrice N’SEMI

Stagiaire pré-diaconal