Sans amour, il n’y a pas de vie communautaire |
Sans amour, il n’y a pas de vie communautaire (31ème Dimanche ordinaire - Année B)
Textes : Dt 6, 2-6 ; Ps 118 (119) ; Hb 7, 23-28 ; Mc 12, 28b-34
Chers frères et sœurs,
Le commun des mortels reconnait qu’il n’y a pas de vie de communauté ou de vie de famille, ou encore de vie en société, sans lois ni normes. C’est ce que le livre du Deutéronome nous rappelle, notamment dans l’extrait qui nous est proposé : « Tu craindras le Seigneur ton Dieu, tu observeras tous les jours de ta vie, tous ses commandements et ses ordres », si tu veux avoir longue vie sur cette terre.
Ces paroles nous font penser à ce qu’on appelle la loi naturelle, mais aussi la loi divine. Le peuple d’Israël, qui est intrinsèquement croyant, en est conscient. Ainsi, son existence ne peut être pensée en dehors de Dieu et de ses commandements. C’est pourquoi cette loi rappelle l’importance de la relation que ce peuple entretient avec son Dieu, surtout depuis sa sortie de l’Égypte. Son but n’est donc pas d’accabler l’homme, mais de l’aider à vivre dans une certaine harmonie avec son Dieu et son prochain. La loi est lue comme Parole de vérité venant de Dieu ; c’est une Loi qui procure « bonheur et fécondité ». Cependant, elle n’est pas à confondre avec la loi humaine, élaborée par les hommes, parce que toujours relative et limitée.
En effet, la loi de Dieu est pour toujours, matérialisée en la personne de Jésus, qui nous enseigne le chemin à suivre. Ce chemin, c’est, en fait, lui-même. C’est ce que l’extrait de l’épître aux Hébreux souligne, en nous disant que Lui, Jésus, est devenu, dans la Nouvelle Alliance, le prêtre éternel, par qui tout homme doit passer, puisqu’il s’est offert une fois pour toutes pour sauver « de manière définitive ceux qui s’avancent vers Dieu ». Les prêtres de l’Ancienne Alliance, eux, avaient obligation de faire des sacrifices tous les jours, en vue de l’expiation de leurs propres péchés et ceux du peuple. Lui, Jésus, est désormais chargé à la fois de faire appliquer cette Loi nouvelle, de la vivre et d’assumer le rôle de serviteur au sein du peuple. C’est ce qui justifie, entre autres, le contenu du Sacrement de l’Ordre.
C’est pourquoi la démarche du scribe, qui va vers Jésus, illustre bien l’importance de la place et du rôle que joue Jésus dans la vie, aussi bien personnelle, communautaire, que celle de l’humanité. Par cette démarche, ce scribe a reconnu, même si s’était d’une manière diffuse, que Jésus était, en fait, le grand prêtre auprès de qui on doit se référer ou passer, pour vivre heureux dès ici bas : « Il est le chemin, la vérité et la vie ». C’est à Lui seul que nous devons nous adresser pour lui demander : « Quel est le premier de tous les commandements ? ». La réponse spontanée et simple de Jésus peut être lue ici comme le résumé de ce que les livres du Deutéronome et du Lévitique disent, c’est-à-dire les préceptes et les lois de Dieu que lui, Jésus, met en pratique et nous propose à vivre, notamment : « aimer Dieu et aimer son prochain comme soi-même ». Car « l’amour de Dieu et du prochain vaut mieux que toutes les offrandes et tous les sacrifices ».
Voilà ce qui est essentiel. Voilà ce à quoi le Seigneur nous invite : Aimer Dieu, et nous aimer les uns les autres, comme Lui nous a aimés. Voilà le désir et la consigne ultime de Celui qui est l’Amour fait homme. Ainsi, la vraie loi que Jésus nous propose, c’est vivre de l’amour. Or, l’amour, c’est bien Lui, Jésus. C’est ce qui pousse Teilhard de Chardin à dire que « Jésus est la sève de l’évolution du monde ; il est l’énergie de la personnalité », car cette sève n’est constituée que d’Amour. C’est ce que nous rappelle aussi saint Paul, lorsqu’il dit préférer la charité, des trois vertus théologales que sont la foi, l’espérance et la charité ; il ne remet pas pour autant en cause les deux autres, mais la loi inscrite dans nos cœurs, c’est l’amour. Oui, chers frères et sœurs, nous aurons beau faire des prodiges et même des miracles, si nous n’aimons pas selon l’amour et le cœur du Christ, vains sont nos exploits ou nos prouesses. Et comme l’a dit Blaise Pascal, « l’amour est l’ordre suprême ». Sans l’amour, il n’y a pas de loi véritable, ni de vie communautaire, de vie de famille et de vie en société.
Que le Seigneur nous aide à vivre réellement de l’amour agapè, comme nous le rappelle le pape Benoit XVI, cet amour qui vient de Dieu et qui est l’identité même de Dieu. « Aimez-vous comme je vous aie aimés ; aimez-vous chacun comme des frères ; aimez-vous, je vous l’ai demandé ; aimez-vous, aimez-vous… »
Abbé Charles MABIALA PAMBOU
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