Temps de l'Avent: temps d'attente, temps d'action

 

Temps de l'Avent: temps d'attente, temps d'action (1er Dimanche de l’Avent – Année C)

 

Textes : Jr 33, 14-16 ; Ps 24 ; 1Th 3, 12-4,2 ; Luc 21, 25-28.34-36

 

 

Dimanche dernier, l’Église nous proposait de méditer sur la royauté du Fils de l’Homme. Nous avons clôturé aussi la fin d’un cycle liturgique : le Temps ordinaire B. Ce dimanche, nous entrons dans le temps dit de l’Avent, et le Temps de l’année liturgique C. Temps de l’Avent, temps de préparation, temps d’éveil, temps d’attente et à venir : il est là et pas encore.

 

Oui, nous devons rester éveillés, parce que certains préparatifs peuvent occulter ou brouiller les chrétiens que nous sommes, du véritable sens, aussi bien de l’Avent que celui de la célébration de la venue du Fils de Dieu parmi les hommes : Noël. Pourtant, cela ne devait pas nous empêcher de porter notre attention sur la beauté de certaines décorations publiques, prélude aux fêtes de fin d’année. Le Seigneur, parlant du gestionnaire rusé, ne reconnaît-il pas que les fils de ce monde semblent plus habiles que les témoins de l’évangile ? Et nous, quel sens donnons-nous à ce vocable : Avent ? N’y a-t il pas lieu de nous demander comment nous devons le vivre ? Comment le matérialiser, l’extérioriser, pour le partager avec les autres et susciter en eux, ce désir de l’attente ?  Encore, faudra-t-il que l’on sache quoi attendre et qui attendre !

 

Pour les contemporains de Jérémie, qui vivent entre autres drames, celui de la prise et la destruction de Jérusalem par les envahisseurs Babyloniens, l’attente veut dire la restauration de la paix et la reconstruction non seulement du Temple et de Jérusalem, mais aussi l’acception par le peuple à se tourner vers Dieu, à se convertir. C’est pourquoi une des missions dévolues à Jérémie, au sein de ce peuple, consistait à l’inviter à espérer le pardon de Dieu. Il fallait ainsi attendre le retour du Seigneur en son sein, en proclamant : « Voici venir les jours du Seigneur, alléluia, alléluia, jours d’allégresse, jour de joie ». Mais avant que ces jours n’arrivent, le peuple de Juda, comme celui de Jérusalem, devait prendre l’habit de veille, car celui qu’il attendait venait pour restaurer le droit et la justice, comme l’a mentionné Jérémie : « Ce jour-là, Juda sera délivré, Jérusalem habitera en sécurité ».

 

Cette attente doit se comprendre et se traduire pour nous aujourd’hui, dans la mise en pratique de cette prière et invite de Paul aux Thessaloniciens : « Frères, que le Seigneur vous donne, entre vous et à l’égard de tous les hommes, un amour de plus en plus intense et débordant, comme celui que nous avons pour vous ». Cette invitation nous rappelle, entre autres, cette belle assertion de saint Jean de la Croix qui a dit : « Au soir de notre vie, nous serons jugés sur l’amour ». Voilà pourquoi nous devons le vivre maintenant, car seul l’amour nous jugera. C’est maintenant que nous devons faire « de nouveaux progrès » dans la mise en pratique de cette unique loi, pour laquelle le Fils de Dieu est mort mais ressuscité. Lui qui est monté aux cieux, il reviendra pour que chacun lui rende compte de ce qu’il a fructifié suite au don de cet amour reçu de lui.

 

C’est dans cette perspective que se découvre le sens de ce Temps de l’Avent, de l’attente qui n’est pas un temps d’immobilisme, ni d’immobilité, ou de repos, mais d’action, d’éveil, en attendant le retour du maître qui peut arriver à l’heure où on ne l’attend pas. Ainsi, l’Avent, ce n’est pas ce temps où nous sommes invités à aller dans les grandes surfaces pour faire des provisions. Ce n’est pas non plus le temps de préparer des beaux habits en vue des fêtes futures, comme si, après Noël et les fêtes de fin d’année, nous n’aurons plus faim, ni soif.

 

 

L’Avent, ce sont quatre semaines qui nous donnent de nous approcher d’avantage de ce Dieu fait homme, en lui offrant un peu plus de ce temps qu’il nous prête, pour lui parler par la prière, par l’attention que nous pourrons porter à l’autre qui est certainement dans le besoin. Besoin de rencontre, d’échange, d’écoute, de partage, de compassion, de sourire, enfin, besoin de s’ouvrir l’un à l’autre, pour susciter en l’autre un peu plus d’espérance, de désir de vivre, ou tout simplement d’être et être reconnu comme personne. Que ce temps de l’Avent nous ouvre davantage à l’Esprit de Dieu, qui souffle en direction de tous et chacun ou chacune, pour plus de paix, de justice et de fraternité.

 

                                                                         Abbé Charles MABIALA PAMBOU

                                                                         Directeur spirituel au Grand Séminaire Émile BIAYENDA