Le Seigneur est tendresse et pitié

 

Le Seigneur est tendresse et pitié (31ème  Dimanche du Temps ordinaire - C)

 

 

Textes:  Sg 11, 23 – 12, 2 ; Ps 144(145) ; 2Th 1, 11 – 2, 2 ; Lc 19, 1-10

 

 

Bien chers frères et sœurs,

 

 

Là où sévissent les crises politiques, la haine, la violence de tout genre,  et autres situations similaires qui bafouent la dignité humaine, mettent en péril la quiétude de l'humanité, il n'est pas rare de rencontrer des personnes qui prient, jour et nuit, pour que Dieu abrège la vie de leurs tyrans ; la mort du détracteur devient une chose pleinement souhaitée, son absence étant, dans une telle perspective, libération et consolation pour ceux qu'il a enfermés dans la souffrance. Ce sentiment traverse encore aujourd'hui la conscience de la personne humaine à l'heure où, un peu partout dans le monde, des personnes meurent et souffrent injustement. Ce qu'elles subissent est la résultante d'une logique de mort dictée par des hommes aux appétits égoïstes et mortifères. Comment, dans une telle situation, ne pas souhaiter la mort du tyran ?

 

Bien chers frères et sœurs,

 

Dans la liturgie de ce dimanche, Dieu se propose de répondre à nos incertitudes. Il nous dit ce qu'Il est et comment Il agit envers l'homme qu'Il a bien voulu à sa ressemblance et à son image. Loin d'être démissionnaire, Il prend patience, respecte la liberté humaine et offre son salut en tout temps. Cette patience, signe de sa puissance, révèle de fond en comble la profondeur de son amour, même pour le pécheur. Souvenons-nous que Dieu ne désire pas la mort du pécheur, mais sa conversion et son entrée dans la Vie. Au bénéfice du salut de l'homme, Dieu espère son retour à Lui. D'ailleurs, ne sommes-nous pas aussi pécheurs à la manière de ceux que nous désignons comme tels ? Notre regard, au lieu de ne faire que rejeter, enfermer, devrait peut-être relever ceux qui sont plus faibles que nous.

 

L'épisode de la rencontre de Zachée avec Jésus est d'une pertinence inouïe. Chef des collecteurs d'impôts, ces grands « pécheurs » publics, Zachée a entendu parler de Jésus. Il a donc reçu une connaissance fragile et fragmentaire de lui. Pourtant, il tient à le voir. En dehors du fait que la foule l'en empêche, il est aussi de petite taille. Il est conscient de ces obstacles. La résolution qu'il prend peut tout de même surprendre : « Il courut donc en avant et grimpa sur un sycomore... » Pour un homme de son rang, cela paraît ridicule. Ce qui était au départ une simple curiosité, devient un vrai désir d'aller à la rencontre d'un plus Grand que lui. De ce désir jaillit une nouveauté de vie. Jésus a compris cette démarche humble et vraie du publicain, et il ne peut pas ne pas lui offrir ce que la foule cherchait et ce que chacun cherche encore aujourd'hui : recevoir chez soi le Sauveur. De cette communion à la vie de Dieu ressort, chez Zachée, une réelle démarche de conversion. « Aujourd'hui, le salut est arrivé pour cette maison, car lui aussi est un fils d'Abraham. En effet, le Fils de l'Homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu », nous rassure le Seigneur.

 

Bien chers frères et sœurs,

 

La parole de Jésus, « … aujourd'hui il faut que j'aille demeurer dans ta maison », rend compte de la volonté de Dieu à sauver tout homme en ce monde, et ce parce qu'il aime tous les hommes. Le livre de la Sagesse en témoigne de la belle manière : « Tu aimes en effet tout ce qui existe, tu n'as de répulsion envers aucune de tes œuvres ; car tu n'aurais pas créé un être en ayant de la haine envers lui ». Et plus loin, l'auteur du livre de la Sagesse conclut en écrivant : « Ceux qui tombent, tu les reprends peu à peu, tu les avertis, tu leur rappelles en quoi ils pèchent, pour qu'ils se détournent du mal, et qu'ils puissent croire en toi, Seigneur ». La conversion est, pour l'homme de tout temps, un véritable appel de Dieu à entrer dans la dynamique de son intimité. Et cette intimité est vie éternelle pour ceux qui, comme Zachée, éprouve le désir d'une vraie rencontre avec le Sauveur. Conscient d'une telle vérité, l'Apôtre des Gentils se donne le temps de prier pour les membres de la communauté chrétienne de Thessalonique, afin que Dieu les trouve dignes de l'appel qu'il leur a adressé  et qu'il leur donne d'accomplir, par sa puissance, tout le  bien qu'ils désirent en rendant active leur foi.

 

Bien chers frères et sœurs,

 

Notre Dieu est tendresse et pitié, lent à la colère et plein d'amour. Sa miséricorde est offerte à tous ceux qui se détournent de leur mal. Peu importe ce que nous sommes, si l'on éprouve le désir de rencontrer le Seigneur, que la petitesse de notre taille, de notre foi ou de nos moyens, ne s'érige pas en obstacle mais qu'elle devienne le lieu de l'éclosion de notre conscience filiale et de notre appartenance à Dieu. Accepter de grimper, c'est aussi savoir quitter cette terre de péchés qui nous retient dans la captivité de ses illusions, décider de rester debout, convaincus que La gloire de Dieu, c'est l'homme vivant !

 

Puisse le Seigneur nous donner de redécouvrir combien est profonde sa miséricorde.

 

 

Abbé Aimé Thierry HEBAKOURILA