Vivre dans l'attente du Jour du Seigneur |
Vivre dans l'attente du Jour du Seigneur ( 33ème Dimanche du Temps Ordinaire – Année C)
Textes : Malachie 3, 19-20a ; Ps 97 ; 2Thes 3, 7-12 ; Lc 21, 5-19
Bien chers frères et sœurs,
La liturgie de la parole de ce dimanche met en lumière un point non négligeable de notre existence. L'homme de tous les temps cherche à savoir les contours de la réalisation du Jour du Seigneur. D'aucuns s'enlisent dans la peur du châtiment, d'autres ont choisi de ne pas y penser, d'autres encore s'y prêtent avec foi et persévérance. Le Jour du Seigneur, qui marquera la fin, sera précédé des événements terrifiants : guerres, grands tremblements de terre, épidémies de peste, famines, grands signes dans le ciel. Cela ne peut faire aucun doute, puisque c'est Jésus lui-même qui en fixe le déroulement. Jésus tient à donner une leçon à ses disciples qui s'accrochent à ce qui est œuvre humaine, en appréciant la beauté des pierres et les dons des fidèles qui y ont concouru. « Ce que vous contemplez, leur dit-il, des jours viendront où il n'en restera pas pierre sur pierre : tout sera détruit ». Cette parole de Jésus bouleverse et désoriente les disciples, pour qui le Temple est le signe visible de la grandeur de Dieu. Ceci est d'autant plus déconcertant qu'ils tiennent à en connaître le jour de la réalisation.
Lu dans l'aujourd'hui de notre contexte, cet évangile nous invite certainement à un réel discernement avec toutes ces calamités, ces inondations, ces faits divers qui, ici et là, tuent, font des démunis et suppriment des cités entières. Comment comprendre ce qu'annonce Jésus là où, malgré une vie intense de prière, des hommes, des femmes, des enfants meurent engloutis par des eaux ou calcinés par le feu ?
Bien chers frères et sœurs,
La foi nous éclaire. Elle nous dit l'essentiel de ce que Dieu veut pour notre monde. L'attente de son Jour ne nous laisse pas au repos. Consacrés dans sa vérité, il nous fait missionnaires de sa présence. Cette mission est, dans la foi chrétienne, une démarche, une dénonciation du malin qui entretient de la haine contre la beauté de la création. Devenus témoins de la justice et du droit, il nous faut agir sans avoir peur d'y perdre notre vie. En ce sens, même l'épreuve, quelle qu'elle soit, devient le lieu de notre témoignage. C'est, dès lors, dans cette foi au Christ que nous sommes appelés à vivre les événements de notre temps, convaincus que Dieu, le Maître de la vie, conduit avec intelligence et sagesse la marche de l'histoire de la création entière jusqu'à sa récapitulation dans le Christ. Ainsi, que l'on soit persécuté ou traîné injustement dans les synagogues ou dans les prisons au nom de Jésus, notre défense sera assurée. Ces persécuteurs sont les ennemis de la lumière. Ils sont même dans nos familles, dans nos sociétés, dans nos milieux de vie, nous prévient le Seigneur. Cependant, nous rassure-t-il, c'est par notre persévérance que nous obtiendrons la vie. Le sort des méchants, Dieu s'en occupera avec justice. C'est l'essentiel du message que nous lance le prophète Malachie.
Bien chers frères et sœurs,
Il est une évidence que le Jour du Seigneur ne tardera pas à venir. En ce temps-là, chacun recevra son salaire selon ses actes. Si ce Jour brûle comme une fournaise, c'est pour signifier combien il est redoutable pour ceux qui ont choisi de vivre en ennemis de la vie. Ces derniers, Malachie les appelle « les arrogants, ceux qui commettent l'impiété ». Et pour eux, le verdict du Seigneur s'est déjà fait connaître : ils seront de la paille ; consumés, il ne leur restera ni racine ni branche. Tel est le sort des méchants.
Bien chers frères et sœurs,
L'annonce que fait le prophète Malachie concernant les arrogants peut contenter certains d'entre nous. Dans la mesure où le mal est toujours chez autrui, nombreux considèrent qu'ils sont à l'abri d'une telle sanction. Pourtant, le mal continue à gagner du terrain là où même des hommes et des femmes, devenus chrétiens, prient nuit et jour. Ils célèbrent l'Eucharistie sans consolider une authentique fraternité. Ceux qui partagent le même pain vivent encore dans la méfiance. Ceci veut peut-être dire que l'attente du Jour du Seigneur doit être prise au sérieux. Cette attente doit se vérifier dans le quotidien de notre vie. Elle doit être refus de l'oisiveté et imitation des modèles que le Seigneur place providentiellement sur notre chemin. Le pain eucharistique que nous partageons est nourriture de la vie de Dieu. Ce que saint Paul a enseigné aux fidèles du Christ, présents à Thessalonique, vaut encore pour chacun d'entre nous aujourd'hui. « Il nous faut travailler dans le calme pour manger le pain que nous aurons gagné ». Et ce pain, c'est aussi la paix, l'équité, la solidarité, le partage, la fraternité, bref, les biens que procure la charité.
« Seigneur Dieu notre Père, donne-nous d'attendre dans la foi véritable ton Jour de justice et de paix. Éclaire notre intelligence des événements qui nous accablent et nous effraient. Fais que nos jours ici sur terre nous préparent à entrer dans l'éternité de ta vie ! »
Abbé Aimé Thierry HEBAKOURILA
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