Jésus-Christ est le Roi de l'univers |
Jésus-Christ est le Roi de l'univers (Solennité du Christ Roi de l'univers - Année C)
Textes : 2 S 5, 1-3 ; Ps 121 ; Col 1, 12-20 ; Lc 23, 35-43
Bien chers frères et sœurs,
L'Eglise universelle célèbre, ce dimanche, la solennité du Christ Roi de l'univers. Cette liturgie marque la fin de l’Année liturgique C et ouvre à l’Année liturgique A. Au cœur de cette célébration, il nous est donné de contempler le mystère du Messie-Roi crucifié. À première vue, cela peut paraître inadmissible. Comment comprendre la mort d'un Sauveur tant attendu, avant qu'il n'ait réalisé les renversements souhaités, les changements attendus ?
L'expérience israélite, telle que rapportée par le second libre de Samuel, met en lumière ce désir combien profond inscrit dans la conscience de tout peuple d'être gouverné par un chef. Afin d'asseoir l'autorité du pays, promouvoir son développement, unir les familles qui le composent, sécuriser ses biens, la nécessité d'avoir un chef s'impose avec acuité. Tel est le cas de toutes les nations de par le monde. Les tribus d'Israël n'ont pas voulu rester en marge d'une telle disposition. Cependant, le contenu de leur vœu surprend : « Nous sommes du même sang que toi !... » et, plus loin, le rappel d'une parole du Seigneur : « Tu seras le pasteur d'Israël mon peuple, tu seras le chef d'Israël ». Cette démarche est riche de signification. Ceux qui sont venus trouver le roi à Hébron se reconnaissent de la famille du roi et sont animés par une ordonnance divine. Autrement dit, ils agissent ainsi pour confirmer leur attachement, tant au sang qui les lie qu'à la parole de Dieu.
Bien chers frères et sœurs,
La démarche des contemporains de Jésus contraste avec celle de l'Israël ancien. Ils renient leur roi qu'ils trouvent incapable de reconquérir le pouvoir, de les libérer du joug des occupants romains. La logique de Jésus diffère de la leur. Il prêche un royaume de paix et de justice. Ici, l'oppresseur et l'opprimé sont invités à renoncer, chacun, à la logique de la mort, pour entrer dans la vie que Dieu seul peut garantir. La crucifixion de Jésus est certainement le fruit d'un découragement. Par ailleurs, nombreux ne comprennent pas sa mort. Comment peut-il mourir aussi simplement, lui qui a fait des miracles, ressuscité des morts, guéri des malades ? Les chefs ricanent, les soldats s'en moquent, l'un des crucifiés s'interroge : « N'es-tu pas le Messie ? ». À côté d'eux, par contre, se lève une voix, celle du « bon larron ». S'étant fait l'écho de la triple déclaration de l'innocence proférée par Pilate, ce condamné ouvre son cœur à cet Innocent qui s'est placé librement au rang des malfaiteurs. Confiant, il lui dit : « Jésus, souviens-toi de moi quand tu seras venu dans ton Royaume ». Quoi qu'on dise, la réponse de Jésus est sans équivoque : « Amen, je te le dis : Aujourd'hui avec moi tu seras dans le paradis ».
L'essentiel de la signification de la mort de Jésus est ainsi donnée. Par sa réponse au « bon larron », Jésus traduit la réalité présente de son règne messianique : il lui procure dans l'immédiat une vie de communion avec lui. Autrement dit, le Seigneur sauve notre humanité dans l'aujourd'hui de son action. Telle est la stature du Roi de l'univers. Un roi capable de mourir à la place du malfaiteur, de pardonner à ses bourreaux, de sauver aujourd'hui.
Bien chers frères et sœurs,
Loin de la logique des dirigeants de ce monde, dont l'agir est souvent teinté d'ambivalence et d'inhumanité, Jésus se propose à l'homme de tous les temps comme le Roi qui communique la paix, sans laquelle il est impossible de penser la stabilité, le développement et la prospérité d'un État. L'entrée dans son Royaume constitue, dans une perspective fidéique, un réel arrachement aux ténèbres qui nous dictent la haine, la jalousie, la guerre, la tyrannie et autres maux dont nous sommes victimes aujourd'hui à plus d'un titre. Dieu veut, chaque jour, nous rendre citoyens de ce Royaume, afin que nous ayons part, dans la lumière, à l'héritage du peuple saint, selon les mots de l'Apôtre des Gentils. La proposition d'en faire partie est résolument accordée à ceux qui nous gouvernent, mais aussi à chacun d'entre nous, dans la mesure où nous avons reçu du Seigneur une part d'autorité sur l'univers créé et sur notre prochain. Tel est l'unique chemin qui apporte le bonheur sans fin. Telle est aussi l'unique logique qui nous obtient la paix tant recherchée.
Avec la clôture de l'Année liturgique C, s'inaugure le temps fort de l'Avent. C'est un moment précieux qui nous est accordé, afin de revoir notre manière d'être disciples du Christ. L'annonce de sa venue doit provoquer notre conversion et notre attachement au bien. Dès à présent, Dieu nous fait témoins de son amour miséricordieux pour notre monde. À nous donc de travailler vaillamment pour qu'advienne le Royaume de son Fils. Autrement dit, nous devons apprendre à oser être meilleurs, oser être les artisans d'un monde dans lequel la colère, la jalousie mesquine, l'injustice économique et politique ne feront plus jamais partie de l'expérience humaine. Puisse le Seigneur faire don, à notre monde d'aujourd'hui, de chefs capables de tels défis.
Abbé Aimé Thierry HEBAKOURILA
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