Le Christ accomplit la consécration de l’homme à Dieu

 

Le Christ accomplit la consécration de l’homme à Dieu (Dimanche de la présentation du Seigneur)

 

Textes : Ml 3, 1-4 ; Ps 23 ; He 2, 14-18 ; Lc 2, 22-40  

 

Quarante jours après Noël, l’Eglise célèbre la présentation de Jésus au temple, présentation au cours de laquelle il se révèle comme lumière du monde. Ainsi, la liturgie nous replonge, surtout avec l’Evangile, dans l’enfance de Jésus. Elle nous donne encore d’entrer dans le mystère de l’incarnation, d’en saisir le sens profond pour notre salut. C’est là, en effet, que nous sommes appelés à redécouvrir le Christ comme lumière venue dans le monde, qui y brille et éclaire tout homme (Jn 1, 9). Cette intuition de redécouvrir le Christ lumière a été développée par le Pape François qui, dans sa première lettre encyclique (La lumière de la foi), nous invite à faire l’expérience du grand don que Jésus Christ, Lumière du monde, nous a fait (Cf. Jn 12, 46 ; LF, no1).

Célébrée assez tôt à Jérusalem (4ème siècle), c’est à Rome, au 7ème/8ème siècle, que cette fête va connaître l’annexion par le Pape Serge I, d’une procession avec un cierge allumé. Pour cette raison, elle portera le nom populaire de fête de la chandeleur. En 1997, le Bienheureux Pape Jean Paul II y  inclura la journée de la vie consacrée. Dans son message pour instituer la journée de la vie consacrée, il écrit :

« Dans la scène évangélique est révélé le mystère de Jésus, le Consacré du Père, venu dans le monde pour accomplir sa volonté (Cf. He 10, 5-7). Le vieillard Syméon le proclame "Lumière pour éclairer les nations païennes" et par ses paroles prophétiques annonce l'offrande plénière de Jésus à son Père et sa victoire finale (Cf. Lc 2, 32-35). 

Marie, la mère de Jésus s'associe par le même mouvement d'oblation à la présentation du Christ. Une fois encore est manifestée l'union permanente du Fils et de sa Mère dans leur offrande unique et totale pour le salut du monde.

La Présentation de Jésus au temple est une éloquente icône du don total de soi pour tous ceux qui ont été appelés à reproduire dans l'Eglise et dans le monde, par les conseils évangéliques, "les traits caractéristiques de Jésus chaste, pauvre et obéissant" (VC 1) » (Message du Saint Père Jean Paul II pour la 1ère journée de la vie consacrée, 6 janvier 1997).

La présentation de Jésus au temple est liée à la coutume juive de consacrer au Seigneur tout premier né, fût-il de l’homme ou du bétail (Ex 13, 1-2.11-15). Joseph et Marie vivent pleinement les exigences de leur religion. L’offrande qu’ils apportent pour la circonstance est celle des pauvres (Cf. Lv 5,7 ; 12,8). La sainte famille a dû être vraisemblablement une famille pauvre, mais portant le plus grand trésor du monde : le Sauveur de l’univers, le Fils de Dieu. Dans ce sens, l’enfant qu’ils veulent consacrer au Seigneur, c’est le Fils de Dieu lui-même, Maître du temps et de l’histoire. Et c’est pendant leur offrande de l’enfant qu’intervient Syméon, le juste de l’ancienne alliance qui attendait la manifestation du Jour du Seigneur. Anne, fille de Phanouel, entre dans le même sillage. Ce sont ces deux personnages qui présentent l’enfant à ceux qui attendaient la délivrance messianique de Jérusalem.

Par ailleurs, la contemplation de ces deux personnages peut nous inspirer quelque chose d’important. Il apparaît une exigence de la vie chrétienne : ceux qui ont la capacité de distinguer l’enfant de Joseph et Marie, sont ceux qui ont l’habitude de l’intimité avec Dieu, capables d’écouter ce que susurre l’Esprit à l’oreille du cœur. Cela exige une grande attention. Au milieu de toutes les sollicitations du monde, il faut savoir garder les sens tournés vers le Seigneur, pour pouvoir capter en quelque sorte ses insinuations qui ne peuvent nous arriver de manière ostensible. C’est cela qui rend Syméon en mesure de reconnaître la lumière qui vient éclairer les ténèbres des nations.

En entrant dans le temple pour sa présentation au Seigneur, Jésus accomplit la prophétie de Malachie à ceux qui attendaient la manifestation du Jour du Seigneur. En réalité, Malachie est très critique vis-à-vis de la pratique cultuelle du second temple. Il réclame une purification de la part de ceux qui y entrent, prêtres ou peuple. Cette purification, il la prédira avec la venue du Seigneur lui-même, l’ange de l’alliance que les gens attendaient. Celle-ci s’étend au peuple qui est enfin rendu capable d’offrir un sacrifice de justice. C’est cela que le Christ vient réaliser. Par sa présence dans le temple, le Fils de Dieu le purifie, le sanctifie et rend les hommes capables d’offrir et de s’offrir à Dieu. Dorénavant, aucune offrande ne s’effectuera sans le Christ. Lui seul peut s’offrir de manière convenable à Dieu, et en lui seul l’offrande humaine peut trouver tout son sens et être agréé par Dieu comme un sacrifice de bonne odeur. Par le mystère de la croix, il devient le temple dans lequel on peut offrir des sacrifices à Dieu. Mais ce n’est pas seulement le temple-édifice qu’il veut purifier, c’est aussi notre cœur, le temple dans lequel nous rencontrons notre Père dans le secret, et tout notre monde.

A la longue attente de son peuple, le Seigneur répond, mais par des signes humbles comme celui de l’enfant. Et il faut savoir entrer dans son intimité (comme Syméon et Anne) pour le découvrir. Il s’agit de ce que l’œil ne peut voir ni l’oreille entendre, si ce n’est grâce à la foi. Quand Dieu lui-même se revêt d’humanité, il s’abaisse jusqu’au point où il est capable de sauver les hommes. C’est une grande notion de la pédagogie divine. Et c’est de cette manière qu’il est l’unique sauveur du monde. Il sauve en se faisant compagnon ; il sauve en s’abaissant, au lieu de regarder l’homme de sa hauteur céleste ; il sauve en se faisant solidaire. En contrepartie, c’est en suivant de tels canaux que l’homme participe au salut apporté par le Christ. Il n’y aura pas de salut pour l’homme sans la vertu de l’humilité, et sans la solidarité d’avec ceux que l’on veut sauver.

C’est dans son humilité et dans sa solidarité avec le genre humain que le Christ est lumière et salut du monde et nous donne la possibilité de nous offrir résolument à Dieu notre Père.

 

Abbé Ildevert Mathurin Mouanga

Grand séminaire de théologie Emile Biayenda