Grille de lecture d’Evangelii Gaudium du Pape François

Introduction

Dimanche 24 novembre 2013, à l’occasion de la clôture de l’Année de la foi et de la solennité du Christ Roi de l’Univers, le Pape François publiait, à Rome, sa toute première exhortation apostolique : Evangelii Gaudium (La joie de l’Evangile). Celle-ci se veut à la fois un recueil de la richesse des travaux de la 13^ème Assemblée ordinaire du Synode des Evêques (tenue à Rome, du 7 au 28 octobre 2012, sous le thème La nouvelle évangélisation pour la transmission de la foi chrétienne) et un programme pastoral du pape (n^o16). Cette exhortation compte 288 numéros, répartis en 5 chapitres, précédés d’un prologue de 18 numéros. Le présent article consiste à proposer une grille de lecture, qui permettra de retenir l’essentiel du message du Saint-Père.

1. Présentation générale de l’exhortation

Nous nous proposons dans ce point, de passer en revue les 5 chapitres que contient l’exhortation afin d’y dégager les éléments fondateurs. Dans les 18 premiers numéros, qui font office d’introduction, le Pape François rappelle la joie que procure la rencontre avec Jésus : la joie de l’Evangile. Cette joie naît et grandit dans une rencontre continuelle et permanente avec le Christ. De cette façon, cette joie, toujours renouvelée par la rencontre avec le Christ, est à communiquer aux hommes et aux femmes de notre temps, qui vivent dans l’incapacité d’éprouver de la joie et dans un profond dégoût de la vie (n^os 2-15).

C’est en cela que le chapitre I (n^os 19-49), qui traite de la transformation missionnaire de l’Eglise, peut inviter à sortir, pour aller rejoindre les périphéries qui ont besoin de la lumière de l’Evangile (n^o 20). Conscient du fait que toute évangélisation se fait à base de la rencontre, le Pape invite à quitter le confort inexorable, d’aller à la rencontre des personnes : sortir non pas pour courir vers le monde sans direction et dans n’importe quel sens (n^o 46), mais sortir pour apporter le message qui redonne la joie.

Le chapitre II (n^os 50-109) traite de la crise de l’engagement communautaire, en énumérant quelques défis du monde actuel. En effet, le monde de notre temps fait l’expérience d’un égoïsme rigide, où chacun travaille pour ses propres intérêts, utilisant ainsi les personnes par amour des choses, au lieu d’utiliser les choses par amour des personnes. Cet individualisme corrosif est à l’origine de la méfiance généralisée des uns vis-à-vis des autres. Il nous faut donc sortir, car sortir de soi-même, pour s’unir aux autres, fait du bien. S’enfermer sur soi-même signifie goûter au venin amer de l’immanence (n^o 87).

Le chapitre III (n^os 110-175) aborde le problème de l’annonce de l’Evangile. En tout temps, en tout lieu et en toute circonstance, l’Evangile du Seigneur doit toujours être annoncé. De cette manière, le chrétien doit se considérer toujours et déjà comme un « disciple-missionnaire » (n^os 120). Disciple en tant qu’il fait une expérience personnelle avec le Christ, et missionnaire en tant qu’il est appelé à partager son expérience avec les autres. C’est donc une invite à un seul et même mouvement dans l’activité missionnaire : être un « disciple-missionnaire ».

Le chapitre IV (n^os 176-258) s’occupe de la dimension sociale de l’évangélisation. En effet, toute évangélisation doit avoir à cœur les situations humaines concrètes. Il est donc question de dire Dieu suivant les expressions et les questions lancinantes qui font l’actualité des personnes à qui l’on s’adresse.

Le chapitre V (n^os 259-288) rappelle la collaboration des évangélisateurs avec l’Esprit. Le premier acteur de l’évangélisation, c’est l’Esprit Saint. De la sorte, il est impérieux de toujours l’invoquer avant toute activité missionnaire, car c’est lui qui vient au secours de notre faiblesse (Rm 8, 26). Puisque l’Eglise ne peut vivre sans le poumon de la prière (n^o 262), aussi importe-il d’implorer l’intercession de la Très Sainte Vierge Marie dans l’exercice de la mission évangélisatrice.

2. Message de l’exhortation

Pour ne pas trahir le message du Pape François, nous nous proposons de rester dans son sillage, en utilisant le même champ lexical que lui, afin de transmettre au mieux sa pensée. Dans ce champ lexical nous retenons cinq thèmes qui attirent notre attention : Nouveauté (mot utilisé 152 fois), Joie (utilisé 106 fois), Pauvreté (utilisé 53 fois), Rencontre (utilisé 32 fois) et témoignage (utilisé 19 fois).

L’emploi récurrent des termes susmentionnés traduit ostensiblement la vision missionnaire du Pape François. C’est dire que la nouvelle évangélisation consiste à :

a)      Se renouveler : un renouvellement produit par l’assainissement du cœur ;

b)      Trouver dans la bonne nouvelle de Jésus-Christ la joie de vivre et d’espérer ;

c)      Sortir de nos ornières pour aller vers les pauvres de toutes sortes ;

d)     Rencontrer les personnes dans les diversités qui sont les leurs ;

e)      Vivre en témoin : témoignage d’une vie renouvelée par la Parole de Dieu.

 Conclusion

Avec le Pape François, nous confirmons que les thèmes liés à l’évangélisation dans le monde actuel sont innombrables (n^os 16). Dès lors, ceux développés dans cette exhortation apostolique doivent faire l’objet d’étude et d’un approfondissement attentif.

Newman Suijès SAMBA DIA MBEMBA

II^ème Année de Théologie

Grand séminaire Cardinal Emile BIAYENDA