Dieu nous appelle à contempler son amour

 

Dieu nous appelle à contempler son amour (Dimanche des Rameaux et de la Passion – Année A)

 

Textes : Is 50, 4-7 ; Ps 21, 8-9, 17-18a, 19-20, 22c-24a; Ph 2, 6-11; Mt 26, 14-75; 27, 1-66

 

Aujourd’hui, l’enthousiasme gagne les amis de Jésus et les foules nombreuses qui mettent leur confiance en celui dont les paroles et les actes ont toujours appelé à la vie, à la compassion, et à l’amour. Ils acclament Jésus et l’accueillent comme le fils de David, le roi qui oriente leur vie vers le véritable bonheur consistant à trouver son accomplissement dans le don aux autres. Justement, le chemin de Jésus ne s’arrête pas à l’entrée triomphale dans Jérusalem ; il va culminer au Calvaire ; là, en donnant sa vie sur la croix, il est le roi serviteur qui délivre l’humanité du péché et de la mort, ce que sa résurrection va pleinement manifester.

Jésus assume sa royauté

Le temps de sa vie publique, Jésus a été  plutôt discret sur sa seigneurie et sa messianité. Il a toujours évité de se faire porter triomphalement par les foules ; rappelons-nous : après la multiplication des pains, les foules sont tellement enchantées qu’elles veulent venir enlever  Jésus et le faire roi ; devant cela, Jésus se retire, seul, dans la montagne (Jn 6,15). D’où vient-il donc qu’aujourd’hui Jésus semble prendre plaisir à se donner en spectacle et à se faire acclamer comme le fils de David, c’est-à-dire le roi-messie tant attendu par le peuple ? Pendant trois ans, il a parcouru les villes et villages de la Palestine, il a vu la misère des gens. Alors, en se présentant comme roi, fils de David, et en recevant l’hommage de la foule, il indique que les temps sont accomplis, la promesse de Dieu est réalisée et  tout est donné en sa personne. S’ils écoutent et suivent celui qu’ils acclament, les hommes entreront dans une nouvelle ère, celle du Royaume des cieux qui est à nos portes en la personne de Jésus. Mais sa royauté ne ressemble en rien à celle qu’exercent les grands de ce monde : ceux-ci font sentir leur pouvoir, ils écrasent, tirent un profit personnel de leur situation, le bonheur du peuple étant le cadet de leur souci. Jésus, lui, est roi car « il se dépouilla lui-même en prenant la condition de serviteur » (Phil 2,7). C’est pourquoi ce dimanche triomphal revêt un autre aspect, celui de la souffrance que Jésus assume par amour.

Jésus assume sa souffrance

Serviteur de l’humanité, Jésus l’a été tout au long de son ministère public, se faisant tout à tous, avec une attention particulière pour les pauvres, les exclus du système social et religieux. Son attitude a soulevé la colère et l’inimitié des chefs religieux qui ne veulent pas perdre leurs prérogatives et avantages. Ils ont décidé d’éliminer Jésus dès qu’une occasion favorable se présentera. Jésus sait le danger qu’il court en se rendant à Jérusalem pour cette fête de la Pâque juive mais, par fidélité à Dieu son Père et par amour pour les hommes, il ne peut pas renoncer à sa mission. Désormais, il va être confronté à la violence physique et au rejet d’une grande partie de cette foule versatile qui l’acclamait il y a quelques jours et réclame sa tête maintenant. Ce n’est pas la souffrance en elle-même que Jésus recherche, il n’est pas masochiste ; au contraire, s’il pouvait en être épargné, il ne le refuserait pas. Mais la volonté du Père qui se révèle à lui est d’assumer librement cette souffrance qui n’aurait pas dû s’acharner sur lui, l’homme le plus juste et le plus innocent que la terre ait jamais porté. Mystère insondable que celui de la souffrance, surtout la souffrance des innocents. Jésus nous dit lui-même qu’il aurait pu opposer à la violence de ses bourreaux douze légions d’anges, mais il se laisse faire, il se laisse broyer pour briser le cercle infernal de la violence. Dieu prend sur lui tous les coups que Barrabas aurait dû subir, et Barrabas, c’est vous et moi, frères et sœurs, complices du mal, du mensonge, de l’injustice et de la violence qui règnent dans nos familles,  nos communautés chrétiennes et notre société.

Vers la Pâques du Seigneur

La Semaine Sainte qui s’ouvre aujourd’hui est un appel que Dieu nous adresse à contempler son amour. Il a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique. A cause de  cela, nous devons être joyeux. Ne soyons pas ces chrétiens que dénonce le Pape François dans l’exhortation apostolique La joie de l’Evangile, qui ont un air de carême sans Pâques. Nous allons donc repartir dans nos maisons, l’esprit marqué par l’amour du Christ qui est mort pour nous ouvrir les portes de la vie. En réponse à cet amour, désirons intensément communier aux souffrances du Christ en nous appliquant à donner de l’attention, de l’amour et de la tendresse à ceux qui partagent notre quotidien. A quoi sert-il de pleurer sur les souffrances du Christ si nous ne sommes pas capables de nous émouvoir en face de celles de nos proches ? Notre pays est majoritairement chrétien, un bon nombre de décideurs politiques et économiques sont chrétiens. Jésus-Christ nous a confié, à nous baptisés, son pouvoir de gérer nos familles, notre société et notre terre dans le sens d’un plus grand engagement pour la justice, la paix, l’amour et la vérité. Que faisons-nous de ce pouvoir ? Pour qu’à Pâques notre joie soit complète, il faut que nous soyons en mesure de présenter au Seigneur nos efforts concrets qui font croître son Royaume en ce monde.

 

Abbé Olivier MASSAMBA-LOUBELO