Aimer le Christ et accueillir le Saint-Esprit

 

Aimer le Christ et accueillir le Saint-Esprit (6e Dimanche de Pâques - Année A)

Textes : Ac 8, 5-8.14-17 ; Ps 65 ; 1 P 3, 15-18 ; Jn 14, 15-31

En ce sixième dimanche de Pâques, la sainte liturgie nous donne de continuer à méditer le testament de Jésus, à l’heure où il passe de ce monde à son Père. Ces précieuses paroles du Maître que ses disciples nous ont transmises, nous les relisons aujourd’hui à la double lumière de l’événement pascal et du don de l’Esprit Saint qui a été répandu dans nos cœurs au baptême et à la confirmation. Ainsi, nous découvrons que le Seigneur Jésus invite et prépare ses disciples à ouvrir leur cœur à l’amour et à l’Esprit de vérité, seuls moyens qui enracinent dans la fidélité à Dieu et à son Fils.

« Si vous m’aimez, vous resterez fidèles à mes commandements.» Les commandements que Jésus a enseignés et demandé à ses disciples d’observer, loin d’être une exigence qui s’imposerait de manière arbitraire ou tyrannique, sont en réalité une réponse du cœur de l’homme à l’amour de Dieu pour chacun de ses enfants, à l’amour du Christ pour chacun de ses disciples. Quand nous découvrons l’amour de Dieu pour nous, manifesté en son Fils fait homme, mort et ressuscité, quand nous relisons les signes de cet amour dans notre vie quotidienne, nous ne pouvons qu’aimer Dieu et le Christ ; notre indifférence et notre incrédulité s’estompent. Alors, avec le psalmiste, nous pouvons exulter : « Venez, écoutez, vous tous qui craignez Dieu : je vous dirai ce qu’il a fait pour mon âme. Béni soit Dieu qui n’a pas écarté ma prière ni détourné de moi son amour ! » (Ps 65). Oui, c’est Dieu qui a l’initiative dans cette alliance d’amour qu’il scelle avec l’humanité ; c’est Dieu qui nous a aimés le premier, et il attend de nous que nous répondions à son amour en écoutant sa parole et en la mettant en pratique, non pas pour lui faire plaisir (il n’en a que faire, permettez-moi de m’exprimer ainsi) mais pour que nous atteignions à la stature de l’être humain tel qu’il l’avait prévu dès les origines. Adam et Eve, en tournant le dos à la parole de Dieu, ont pris pour toute l’humanité le chemin de la déchéance et de la mort ; mais en son Fils Jésus, Dieu nous offre la restauration et la vie en abondance.

Les commandements ne sont donc pas un fardeau, même s’ils sont exigeants ; ils sont esprit et vie au point que l’apôtre Pierre peut dire à Jésus : «  A qui irions-nous, Seigneur, tu as les paroles de la vie éternelle » (Jn 6, 68). En fait de commandements, il n’y en a qu’un, celui de l’amour, qui se décline dans deux directions indissociables l’une de l’autre : Dieu et le prochain. Aimer Dieu de tout son cœur et aimer son prochain comme soi-même, voilà le chemin du bonheur et de la vie que rien ni personne ne peut nous ravir, voilà ce à quoi aspire le cœur du véritable disciple du Christ.

« Moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous : c’est l’Esprit de vérité. » Jésus parle ainsi parce qu’il sait que ce n’est pas facile d’aimer Dieu et le prochain ; il sait encore qu’après lui, ses disciples vont entrer dans une tourmente qui mettra à l’épreuve leur foi et leur charité. C’est pour cela qu’il leur annonce le don en plénitude par le Père du Saint Esprit, l’Esprit de vérité qui est déjà à l’œuvre en eux. Forts de l’Esprit, ils pourront affronter le monde qui se ferme à la parole de Dieu. Mais, comme l’écrit l’apôtre Pierre, c’est avec douceur et respect que les chrétiens doivent rendre compte de l’espérance qui les habite, quitte à subir l’épreuve de la souffrance au nom du bien, à l’exemple du Christ. Amour et vérité, voilà ce que procure l’Esprit à l’Eglise et à chaque chrétien pour que la Bonne Nouvelle ne soit pas dénaturée par des considérations humaines et qu’elle ne soit pas transmise par des moyens violents ; l’histoire de l’évangélisation des peuples et les fondamentalismes agressifs d’aujourd’hui doivent nous faire prendre au sérieux l’injonction de l’apôtre Pierre qui invite les missionnaires à la douceur et au respect des personnes et des cultures, tout en sachant que le premier évangélisateur c’est l’Esprit Saint qui précède souvent l’action des missionnaires.

Il est urgent que les chrétiens et les communautés auxquelles ils appartiennent se ressourcent à l’Esprit d’amour et de vérité pour que la Pentecôte, que nous allons célébrer dans deux semaines, ne soit pas l’évocation d’un événement du passé, mais qu’elle continue à se produire aujourd’hui et demain au cœur de l’Eglise, qu’elle désarme ce monde dans tout ce qui l’empêche d’accueillir le message du Christ, seul capable de procurer la paix véritable, qui ne saurait être issue ni d’un équilibre de forces armées, ni de l’intimidation des faibles par les puissants, mais seulement de la découverte d’un Dieu qui aime ses créatures et qui les invite à entrer dans la ronde de l’Amour qui unit le Père et le Fils.

Abbé Olivier MASSAMBA-LOUBELO