Dieu est amour et communion

 

Dieu est amour et communion (Dimanche de la Sainte Trinité – Année A)

Textes : Ex 34, 4-9 ; Dn 3, 52-56 ; 2 Cor 13, 11-13 ; Jean 3, 16-18

Dieu se révèle aux hommes par une pédagogie progressive pour leur dire qui il est ; alors les croyants découvrent un Dieu différent de celui que leur imagination et leur intelligence leur permettent de concevoir : Il est vraiment l’Au-delà de tout, qui sollicite l’ouverture du cœur pour le recevoir tel qu’il se présente : le Dieu d’Amour, Un en trois personnes, le Père, le Fils et le Saint Esprit.

C’est un Dieu qui parle et qui révèle sa véritable identité à Moïse et aux enfants d’Israël : « Yahvé, le Seigneur, Dieu tendre et miséricordieux, lent à la colère, plein d’amour et de fidélité ». Nous pensons souvent, à tort, que le Dieu de la première alliance était un Dieu vengeur, guerrier et intolérant qui ne laissait pas de place à la tendresse. Mais c’est une erreur car, dès le départ, le Dieu saint, le Dieu des armées qui éduque son peuple parfois en le rudoyant laisse son cœur débordant d’amour prendre le pas sur les calculs d’un justicier qui récompenserait les bons en fonction de leurs mérites et qui punirait les méchants au prorata de leurs iniquités. Dieu, tel qu’il se dit lui-même, ne tient pas une balance pour peser nos fautes, mais il laisse couler de son être ce qu’il est en lui-même, c’est-à-dire l’amour et la grâce qui noient nos fleuves de péchés dans l’océan de sa tendresse. L’apôtre Paul pourra, dès siècles plus tard dire : « Là où le péché avait abondé, la grâce a surabondé » (Rm 5, 20). Dieu sait mieux que Moïse combien le peuple qu’il a créé en le libérant de la servitude de Pharaon est un peuple  infidèle à tel point que celui-ci s’est mis à  adorer le veau d’or. Cependant, Dieu reste fidèle à sa parole, il ne peut pas se renier ; il continue à tracer pour les hommes des chemins pour qu’ils se dégagent des ornières, des impasses et trouvent le salut. Et tout cela est cadeau, gratuit, sans aucun mérite de la part des hommes, c’est le don de l’amour parfait : « mais tu pardonneras nos fautes et nos péchés, et tu feras de nous un peuple qui t’appartienne. »

Jésus, le Fils unique de Dieu, nous révèle d’une façon absolue le visage du Dieu lent à la colère, plein d’amour et de fidélité. Le Fils est, en effet, l’image parfaite du Dieu invisible ; il manifeste sa tendresse aux hommes et aux femmes que la Loi de Moïse excluait du cercle de la pratique religieuse juive  ; il fait bon accueil aux pécheurs et mange avec les publicains ; il ose même dire aux pharisiens, sûrs de leur bon droit parce qu’ils observent scrupuleusement la Loi, que les prostituées les précéderont au royaume des cieux tandis que eux, seront jetés dehors ; Quelle injustice de la part d’un Dieu qui doit être le garant des bonnes mœurs ! Mais non, Jésus refuse qu’on fasse jouer à Dieu ce rôle. La morale n’est pas la préoccupation première de Dieu, ce qui lui tient à cœur, c’est d’abord et essentiellement que les hommes sachent qu’il les aime ; alors, à leur tour, ils tourneront leur cœur vers lui, saisis qu’ils auront été par cette marque de l’amour divin qui n’attend pas qu’ils soient parfaits pour qu’il les enveloppe. Et la marque de cet amour, c’est Jésus, le Juste, qui meurt sur la croix afin qu’aucun homme ne soit crucifié pour ses propres péchés, mais que, par la foi au Christ, tous soit sauvés et obtiennent la vie éternelle, c’est-à-dire qu’ils soient en communion avec Dieu pour toujours. C’est une bonne nouvelle car nous sommes établis dans la confiance qui chasse la peur du jugement et qui nous fait dire avec l’apôtre Pierre, malgré nos lâchetés chevillées au corps : « Tu sais tout Seigneur, tu sais que je t’aime. » (Jean 21, 17).

En cette fête de la Trinité, nous sommes conduits à accueillir la révélation du nom de Dieu, Père, Fils et Esprit. La formule trinitaire du passage de la deuxième lettre aux Corinthiens de ce jour, « la grâce du Seigneur Jésus Christ, l’amour de Dieu et la communion de l’Esprit Saint », utilisée au début de la messe, nous relie à la foi des premiers chrétiens qui, s’ils n’avaient pas inventé le mot « Trinité » (créé au concile de Constantinople, en 381), vivaient spirituellement et ecclésialement ce que le Seigneur Jésus leur avait enseigné de la communion profonde et unique qui le reliait à son Père, communion dans laquelle il allait introduire ses disciples grâce la venue sur eux du Saint Esprit. Avant donc toute formulation théologique qui rend proche à l’intelligence la révélation de Dieu Un en trois personnes, les apôtres ont expérimenté dans leur vie personnelle et leur mission évangélisatrice la présence et l’action du Père, du Fils et du Saint Esprit. N’était-ce pas « au nom du Père, et du Fils et du Saint Esprit » que Jésus ressuscité les avait envoyés pour baptiser les nations ? Ce ne sont pas les hommes qui ont découvert Dieu, c’est plutôt lui qui a pris l’initiative de venir à eux et de leur dire, sous forme de pédagogie progressive au cours de l’histoire du salut, qu’Il est Amour  et Communion manifestés dans le mystère de la Sainte Trinité.

Chaque fois que nous traçons sur notre corps le signe de la croix, au nom du Père, et du Fils et du Saint Esprit, nous accueillons cette révélation en même temps que affirmons être, par notre baptême, la demeure de la Sainte Trinité qui nous enveloppe de son amour et nous donne ainsi la vie en abondance.

 

Abbé Olivier MASSAMBA-LOUBELO