Voici votre Dieu, voici le Seigneur Dieu

 

Voici votre Dieu, voici le Seigneur Dieu (2e Dimanche de l’Avent – Année B)

Textes: Is 40, 1-5.9-11; Ps 84; 2 P 3, 8-14 ; Mc 1, 1-8

Ce deuxième dimanche de l’Avent est placé sous le signe de la bonne nouvelle. Cette bonne nouvelle est l’œuvre de Dieu qui prend la résolution de consoler son peuple après une longue parenthèse de souffrances. Les hérauts de cette bonne nouvelle sont les prophètes.

Dans la première lecture, le prophète Isaïe souligne la bienveillance de Dieu qui n’abandonne pas son peuple malgré son infidélité. Son message remonte au temps de la déportation à Babylone, que les historiens situent entre 587 et 538 avant Jésus-Christ. Privés de liberté et soumis aux pires humiliations, les fils d’Israël ont fait l’amère expérience de vivre loin de la terre des ancêtres, promise et donnée par Yahvé. Parmi les travaux forcés que les Babyloniens avaient inventés pour montrer leur souveraineté, il y avait le « tracer des routes » dans le désert. En substance, il s’agissait de préparer, chaque année, une voie triomphale par laquelle devait passer le cortège portant la divinité Mardouk, lors de la grande parade organisée à son honneur. Pour les Juifs, la célébration d’une telle solennité populaire, à laquelle le roi participait en personne, était le comble de l’humiliation. Pourquoi ? Tout d’abord, parce que c’était eux qui devaient s’échiner comme des esclaves pour aménager la voie. Ensuite, parce qu’ils devaient voir passer d’un air triomphateur l’idole que leur religion avait en horreur.

Dans ce contexte, le message d’Isaïe inaugure l’espérance du « Jour du Seigneur ». Car, désormais, dit-il aux fils d’Israël, le chemin qu’ils traceront dans le désert ne sera plus pour la parade des Babyloniens, mais plutôt celui de leur propre retour triomphal sur leur propre terre. Cette fois-ci, ce ne sera pas une idole qui ouvrira le cortège, mais Dieu lui-même qui ramènera Israël chez lui.

Dans l’évangile, la bonne nouvelle annoncée par Isaïe est reprise à nouveau frais par Jean le Précurseur. Il ne s’agit plus désormais de tracer un chemin dans le désert de sable, mais de préparer la route par laquelle Dieu rejoindra le cœur de l’homme. Nous sommes donc invités à réaliser dans nos vies, de grands travaux intérieurs en abaissant nos montagnes d’orgueil, en comblant les ravins de notre manque d’amour et en rejoignant les nombreux déserts de notre temps qui éclipsent la dignité de l’homme et de la femme.

Le message et le mode de vie de Jean-Baptiste revêtent une résonnance particulière en ce temps de l’Avent et en ce début de l’Année de la Vie consacrée décrétée par le Pape François. A l’instar du Précurseur, l’Eglise est appelée à renoncer au confort et aux privilèges de ce monde afin d’exercer sa mission prophétique, aussi bien par la parole et que par l’exemple d’une vie pauvre et humble. Nous devons rompre notre union incestueuse avec l’argent et les faveurs de toutes sortes. Nous devons arrêter notre course effrénée vers les « bienfaiteurs » pour côtoyer beaucoup plus les périphéries de notre temps. Bref, nous devons briser les chaines qui nous retiennent captifs du péché. 

Puisse le Seigneur imprimer en chacun de nous un élan de conversion irréversible pour que sa venue dans les crèches vivantes de nos cœurs nous stimule à édifier un ciel nouveau et une terre nouvelle. Amen.

                                                                                                                           Abbé Fabrice N’SEMI