N’ayons pas peur de la lumière de Jésus

 

N’ayons pas peur de la lumière de Jésus (4e Dimanche de carême – Année B)

Textes : 2 Chr 36, 14-16 ; Ps 136, 1-6 ; Ep 2, 4-6 ; Jn 3, 14-21

En ce quatrième dimanche de carême, Jésus, qui est la lumière du monde, nous parle de l’amour infini de Dieu pour nous. Dans l’ancien testament, le peuple élu est présenté comme un peuple fragile et rebelle. Devant une telle situation, Dieu, au lieu de les punir définitivement, dans la ligne de ce qu’il avait révélé à Moïse sur le mont Sinaï, a toujours montré qu’il est un Père qui aime son peuple et qu’il est miséricordieux. Ayant pardonné aux Juifs leurs péchés, il les a fait revenir de leur exil et leur a permis de reconstruire le temple de Jérusalem qui avait été détruit. Et pour cela, il s’est servi de Cyrus, un roi païen. Le prophète Isaïe a  vu en ce roi païen, la manifestation de la providence divine qui passe même par des païens pour que son plan de salut puisse se réaliser. Mais c’est avec Jésus-Christ, son propre Fils, que ce plan se réalisera définitivement.

Dieu est riche en miséricorde, c’est-à-dire qu’il a un cœur capable de sentir, de s’émouvoir devant la souffrance. A cause de ce grand amour dont il nous a aimés, nous qui étions morts à cause de nos péchés, il nous a sauvés par grâce, gratuitement. Il nous a fait revivre. Il nous a ressuscités avec lui. Cet amour, il le manifeste d’abord envers son Fils en lui donnant le pouvoir de donner et de redonner la vie.

Tout cela, Jésus nous le redit aujourd’hui dans l’Evangile, en parlant à Nicodème, un grand chef juif qui  vient le trouver de nuit. Il parle de Moïse et de ce qu’il a fait dans le désert quand le peuple s’est révolté. Devant les péchés de son peuple et du châtiment mortel que Dieu leur avait infligé, Moïse avait prié Dieu qui lui a dit d’élever un serpent de bronze. Tous ceux qui étaient mordus par les serpents, au lieu de mourir, retrouvaient la guérison en regardant ce serpent qui était suspendu. Ce qui n’était qu’une annonce est devenu réalité en la personne de Jésus qui a intercédé pour nous, comme Moïse, et qui a été élevé sur le bois de la croix. Pour nous aujourd’hui, il ne s’agit pas de regarder seulement Jésus crucifié, mais il s’agit d’aller beaucoup plus moins, d’élargir les dimensions de notre cœur et les horizons de notre compréhension, par le moyen de notre foi, elle  qui nous a conduit au baptême et nous a permis de recevoir le baptême pour que notre foi soit complète.

La foi, reçue par l’Eglise et dans l’Eglise, a fait de nous des ressuscités, des Fils de Dieu, des fils de la lumière et des frères de Jésus-Christ. Par sa mort, Jésus nous a redonné la vie, pas n’importe quelle vie, mais la vie éternelle. Ceci nous ramène aux premières lignes de l’évangile de Jean : « Dans le Verbe était la vie et la vie était la lumière des hommes ; la lumière luit dans les ténèbres et les ténèbres  ne l’ont pas arrêtée. Le Verbe était la vraie lumière qui éclaire tout homme venant en ce monde ». Dans ce passage où Jésus parle à un des chefs des Juifs, nous revoyons encore des thèmes déjà évoqués au début de l’évangile de Jean. Leur origine se trouve en Dieu lui-même qui est la vie et qui habite une lumière inaccessible. Tous, selon la volonté du Père, ont leur accomplissement en Jésus qui est également la vie et la lumière. Et il l’affirme de façon claire quand il déclare: « Je suis la lumière du monde; celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie ». Jésus insiste pour que nous le soyons en vérité, plus concrètement, ce qu’il est, c’est-à-dire la lumière : « Vous êtes la lumière du monde. Votre lumière doit briller devant les hommes afin qu’ils voient vos bonnes œuvres et glorifient votre Père qui est dans les cieux » (Cf. Mt 5, 14-16). Depuis notre baptême, nous nous sommes engagés à marcher à la suite de Jésus. Le chemin que nous suivons, dans l’Eglise et avec l’Eglise, ensemble avec tous les chrétiens du monde entier, est difficile et plein de difficultés. C’est celui-là même que Jésus a suivi lui-même et qu’il a montré par sa propre vie et par les paroles suivantes: « Si le monde vous hait, sachez que moi, il m’a pris en haine avant vous. S’ils m’ont persécuté, vous aussi ils  vous persécuteront. Mais tout cela ils le feront à cause de mon nom,  parce qu’ils ne connaissent pas celui qui m’a envoyé » (Cf. Jn 15, 18-21). Dieu nous a donné gratuitement la grâce et la lumière de la foi qui nous permet de comprendre à la fois le mystère de Dieu, celui de notre Seigneur Jésus et notre propre mystère. Tout cela a comme fondement l’amour gratuit et miséricordieux de Dieu qui l’a communiqué à son Fils Jésus et que, à son tour, Jésus nous communique. « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas mais ait la vie éternelle ».

Jésus, notre lumière luit dans les ténèbres, c’est-à-dire est venu lutter contre les ténèbres et contre le Prince des ténèbres qui est le diable. Et le diable est en nous et dans notre monde. Il se manifeste par le non respect des commandements de Dieu, par toutes sortes de mal et de méchanceté, par le refus de la vérité, par le mensonge sous toutes ses formes, mais aussi par toutes les formes de colère et de haine qui conduisent souvent à blesser et à tuer soit par nos pensées, par nos paroles, ou encore par nos actions. Cela signifie le refus de la lumière qu’est Jésus, lui qui est venu uniquement pour faire le bien. Et la manière parfaite par laquelle Jésus nous a montré la lumière de son amour, c’est qu’il a donné sa vie pour nous : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis » (Cf. Jn 15, 13). Pendant ces quelques jours de carême que nous avons devant nous, cherchons à mieux connaître Jésus mort crucifié. Essayons, si possible, de nous tenir en contemplation devant un crucifix pour méditer sur l’amour de Jésus. Comprenons qu’il nous invite à imiter son exemple en nous mettant au service des autres. Rappelons-nous que sur la croix, Jésus nous invite à pardonner à tous ceux  et toutes celles qui nous ont fait ou qui nous font du mal : « Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font ». N’ayons pas peur de la lumière de Jésus qui nous indique qu’il marche vers sa passion. Demandons-lui de continuer à  nous purifier et à nous donner la force dont  nous avons besoin pour mieux le suivre et continuer à faire le bien à  ceux qui sont autour de nous.

Mgr Bernard NSAYI

Évêque émérite de Nkayi