Pourquoi Jésus parle en paraboles

 

Pourquoi Jésus parle en paraboles (15ème dimanche du temps ordinaire – Année A)

 

 

Texte 1: Is 55, 10-11 : La parole de Dieu réalisera parfaitement sa mission (cf. Les JMJ)

 

Le prophète Isaïe nous a invité à « acheter et à manger sans dépenser de l’argent »(cf. Is 55,1), pour que nous puissions vivre réellement (verset 3). Par lui, Dieu a affirmé que « nos pensées ne sont pas ses pensées, que nos voies ne sont pas ses voies » (cf. verset 8).

 

Aujourd’hui, Dieu nous présente sa parole comme la pluie, que nous connaissons tous. Elle a pour mission de « féconder la terre, de la faire germer, pour fournir la semence au semeur et le pain à manger » (cf. verset 10). C’est en même temps une invitation à travailler (cf. Gn 3, 19a). Ce que fait la pluie, c’est ce que fait la parole de Dieu. Rappelons ici ce qu’il nous a déjà dit : « L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu » (cf. Dt 8, 3).

 

Cette parole doit descendre  dans notre cœur  pour le féconder, le faire germer et produire des fruits en abondance : en un mot, LA VIE EN ABONDANCE. Elle est vraiment efficace (cf. IL du prochain synode sur la Parole de Dieu, n° 23). Mais ce n’est pas tout : elle doit remonter vers Dieu avec ses fruits (cf. verset 11). La parole de Dieu, c’est Jésus lui-même.

 

Texte 2: Ps 64

Nous nous souvenons, avec reconnaissance, de tous les biens que Dieu nous accorde à travers la terre. Toutefois, nous avons le devoir de bien garder ces biens, pour les mettre en  valeur et pour nous en servir avec sobriété, avec mesure, et dans la solidarité.

 

Texte 3: Rm 8, 18-23

Le salut que Dieu nous accorde en Jésus-Christ, est un salut global et universel. Il nous libère de l’esclavage du péché, de la mort et de la peur (Rm 8, 15-16).  Dieu, qui nous aime, nous donne, avec l’Esprit Saint qui intercède pour nous, la force de l’aimer. Et nous savons que pour ceux qui aiment Dieu et espèrent en lui, Dieu collabore en tout pour leur bien, et pour leur gloire finale en lui (Rm 8, 24.26-28). C’est d’ailleurs le thème de la dernière encyclique du Pape Benoît XVI, Salvi Spe, n°1).

 

Global, ce salut concerne également les souffrances, les persécutions, les difficultés que nous rencontrons. Tout cela fait partie du plan de Dieu et n’est même rien en comparaison de la gloire qui doit se révéler en nous (Rm 8, 18). Rappelons-nous les paroles de Jésus : « Si le monde vous hait, sachez que moi, il m’a pris en haine avant vous. Dans le monde, vous aurez à souffrir. Mais gardez courage, j’ai bel et bien vaincu le monde » (cf. Jn 15, 18 ; 16, 33).

 

Universel, ce salut concerne et les hommes, et toute la création. Maintenant, nous souffrons et gémissons. Et, si nous sommes fidèles,  nous entrerons un jour dans la gloire  ( versets 18 et 23). En même temps que nous, toute la création souffre et gémit en travail d’enfantement, et espère, elle aussi, entrer dans la liberté de la gloire des fils de Dieu (cf. versets 19-22)

 

Texte 4 : Mt 13, 18-23 : Jésus sème la parole du royaume dans le cœur des hommes

Matthieu nous a dit que Jésus est venu pour former, par sa parole, parmi les hommes, une nouvelle famille (cf. Mt 12, 30), pour que tous deviennent ses disciples.

 

C’est lui, le semeur qui est sorti pour semer (verset 1 et 3). Le verbe « s’asseoir » indique une attitude ordinaire. Mais, dans un sens plus profond, il pourrait bien s’adapter à notre passage. S’asseoir est la position du maître en face de ses disciples, pour donner son enseignement. Cela peut nous autoriser à dire que la parabole du semeur est comme la clé de toutes les paraboles. Constater, avec admiration, que cet évangile est comme une photocopie de la première lecture. Dans les deux textes, nous avons une première partie qui s’appuie sur l’expérience de la vie quotidienne, et une deuxième qui présente un sens plus profond, le vrai sens.

 

La parabole de Matthieu est un texte bien structuré en trois parties : versets 4-9, 10-17, 18-23 :

A. versets : 4-9. La partie de la vie quotidienne.

Nous avons devant nous un semeur qui sème sans tenir compte du milieu où tombe ses grains.  Notons bien  que la semence est présentée au pluriel,  ce qui pourrait indiquer l’abondance. Le sort de cette semence se présente sous forme de quatre cas de figure :

-         (1) ceux qui tombent sur la route, et que les oiseaux mangent

-         (2) ceux qui tombent sur les endroits rocheux, et qui se dessèchent

-         (3) ceux qui tombent sur les épines, et qui sont étouffés

-         (4) ceux qui tombent sur la bonne terre,  et qui donnent du fruit, en abondance

La finale (verset 9) est à la fois une conclusion, mais surtout une annonce de ce qui va suivre.

 

B. versets 10-17. Pourquoi Jésus leur parle en parabole.

C’est une question que les disciples posent à Jésus. Question qu’il serait bon de nous poser pour nous-mêmes. La réponse de Jésus, en trois parties (versets 10-13 , 14-15 , 16-17)  n’est pas facile à analyser.

 

B1. versets 10-13 : LA PAROLE  de Jésus porte les mystères, les secrets du royaume des cieux :

-         Dieu donne de les connaître aux seuls disciples, ceux du dedans, ceux du groupe (4)

-         Mais pas  à ceux du dehors. Par exemple ceux qui refusent d’écouter sa parole, ou qui se situent dans les groupes (1) à (3).

-         verset 12a : A celui qui a on donnera, et il sera dans l’abondance (cf. groupe 4)

-         verset 12b : A celui qui n’a pas, ce qu’il a lui sera enlevé (cf. groupes 1 à 3)

 

B2a. Voilà pourquoi Jésus leur parle en paraboles :

            verset 13b : pour qu’ils voient sans voir

            verset 13c : et entendent sans entendre ni comprendre

B2b. D’après la prophétie d’Isaïe (versets 14-15) :

(a)    verset 14b : vous aurez beau entendre, vous ne comprendrez pas

(b)   verset 14c : vous aurez beau regarder, vous ne verrez pas

B2c. verset 15 : le message du prophète est, lui aussi, global, concernant le cœur, les yeux, les oreilles, en vue de la « conversion » de la guérison. Le but n’a pas toujours été atteint. La finale est une béatitude heureuse que n’ont pas eu beaucoup de prophètes (versets 16-17).

 

B3. versets 18-23 : Comment comprendre la parabole.

Ecouter la parole ne suffit pas, il faut la comprendre, pour affronter le malin (verset 19) :

-         avoir des racines, pour affronter tribulations et persécutions (versets 20-21)

-         se garder des préoccupations du monde et des richesses (verset 22)

En un mot et en conclusion, il faut la comprendre pour porter beaucoup de fruit (verset 23)

 

                                                                                                

                                                                                                

                                                                                                 +Mgr Bernard NSAYI

                                                                                                 Evêque émérite de Nkayi