Notre Dieu est un Dieu patient

 

Notre Dieu est un Dieu patient (16ème dimanche du temps ordinaire – Année A)

 

 

Texte 1 : Sagesse 12, 13, 16-19

 

L’auteur, sans doute un juif vivant à Alexandrie, nous présente le Dieu auquel il croit, et auquel il nous invite de croire. Sa pensée se présente comme une profession de foi adressée directement à Dieu.

 

Vivant en pleine diaspora, au milieu de peuples aux religions diverses, il affirme que Dieu est unique. Il n’y en a pas d’autre en dehors de lui. Dieu prend soin de toutes les créatures puisqu’il en est le Créateur. Une telle affirmation indique qu’il n’y a aucune limite à son action et à ses attributions.

 

Il insiste sur cinq caractéristiques divines : l’universalité, la force, la justice, l’autorité et l’indulgence. Force et puissance ont en lui son origine. Rien et personne ne peut lui résister. Contrairement à ce qui pourrait arriver dans un tel contexte de puissance illimitée, en lui, il n’y a aucun abus, aucune injustice. Au contraire, chez lui la force est à l’origine de sa justice. Il exerce son autorité toute puissante en toute justice et avec indulgence. A ceux qui ont péché et qui se repentent, il accorde la conversion. Nous sommes invités à avoir la même indulgence. C’est déjà comme une annonce du Christ, dont le règne sans limite et sans fin est un « règne de vie et de vérité, de grâce et de sainteté, de justice, d’amour et de paix (Préface du Christ Roi).

 

Texte 2 : Ps 85

Nous nous mettons devant le Seigneur pour lui rendre grâce : c’est un  Dieu qui est bon, qui pardonne, et qui est plein d’amour pour tous ceux qui l’appellent.

 

Texte 3 : Rm 8, 26-27

Nous sommes chair et nous sommes faiblesse. Seuls nous ne pouvons pas plaire à Dieu. Heureusement que dans son  amour infini, grâce à la passion, mort et résurrection du Christ, il nous a fait don de son Esprit Saint, qui fait de nous des fils et nous permet de crier « Abba », « Père ».  Jésus a dit : « Sans moi, vous ne pouvez rien faire » (Jn 15,5). A la suite de cette parole, nous pouvons dire : « Sans lui, nous ne pouvons pas prier ». Voilà pourquoi l’Esprit Saint, qui est l’Esprit du Père et du Fils, vient au secours de notre faiblesse et intercède pour nous. Ceci est vrai, mais nous ne devons pas oublier que Jésus nous demande de prier le Père pour qu’il nous donne son Esprit Saint (Lc 11, 5-13).

 

Texte 4 : Mt 13, 24-43, notre Dieu est un Dieu patient

Laissant de côté, pour le moment, les problèmes de critique historique et rédactionnelle, parcourons le texte tel qu’il nous est parvenu : A1 : versets 24-30, B : versets 31-32, C : verset 33, D : versets 34-35, A2 : versets 36-42.

 

A1.versets 24-30 :

Jésus propose à la foule une autre parabole. Il est mieux de souligner qu’il s’agit d’une autre parabole, après celle du semeur des versets 3b-23. Du point de vue de la construction, nous sommes devant trois paraboles dont l’une, la plus importante (versets 24-30 et versets 36-42), englobe les deux autres, que nous parcourons en premier.

 

B. versets 31-32 : Tout petit au départ, le royaume se développera. Ici encore, c’est un homme qui sème une graine de moutarde dans son champ. L’accent est mis sur les débuts insignifiants et sur son ultime développement. Ici, nous pouvons penser que le royaume des cieux est en fait l’Eglise. Infime à ses débuts, elle continue à se développer jusqu’à la stature finale où elle englobera même ceux qui sont déjà au ciel.

 

C. versets 33 : Le levain dans la pâte. Voici une  des paraboles les plus petites de la bible, mais dont le contenu est d’une grande richesse, avec une certaine originalité. Alors que la plupart mettent en relief un homme (anthropos), ici, on précise qu’il s’agit d’une femme. Ne pas exagérer cette précision, mais elle n’est pas non plus à négliger (cf. Benedict T. Viviano).  L’homme « exerce ses activités surtout à l’extérieur. La femme par contre, travaillait surtout à l’intérieur de la maison. Tout ceci correspond bien avec le rôle positif du levain qui est de faire lever toute la pâte de l’intérieur, et de façon invisible. L’action de chaque chrétien est ferment pour l’Eglise.

 

D. versets 34-35. Pourquoi les paraboles à la foule ? Jésus parle en paraboles conformément au dire d’Isaïe. Ici, le sens semble aller dans le sens de l’ouverture, de la révélation, plutôt que de la fermeture, comme aux versets 14b-15.

 

A1. versets 24-30 et A2. versets 36-42 : Notre Dieu est un Dieu patient

 

A1. versets 24-30 : première partie. Les protagonistes sont : d’un côté le semeur (p1), le champ (2), le bon grain (p3),  l’ivraie (4), l’ennemi (p5) ; de l’autre les serviteurs, la moisson (p6), les moissonneurs (p7), le grenier. Le premier acteur est le semeur du bon grain dans son champ. Le deuxième est l’ennemi qui sème l’ivraie. En troisième lieu, les serviteurs qui parlent au patron à propos de l’ivraie.  Et en  dernier, le temps de la moisson où apparaissent les moissonneurs et le grenier.

 

E. verset 36-42 : deuxième partie. Dans sa réponse à la question des disciples, Jésus dégage sept éléments. Le Fils de l’homme (1), le monde (2), les fils du royaume (3), les fils du Mauvais (4), le diable (5), la fin du monde (6), les anges (7) Bien noter que le Fils de l’homme, seul, est visible (lumière) ;  le Mauvais (ou diable), agit en cachette. C’est lui qui sème, et non les serviteurs. Le dialogue entre le patron et les serviteurs permet d’illustrer la sagesse et la patience de Dieu qui veut préserver les fils du royaume et donner aux autres le temps de se convertir. Il y a  les fils du royaume (cf. Jn 1, 12) que nous sommes invités à rejoindre, et les fils du mauvais (du diable).Ce ne sont pas les serviteurs qui vont faire le tri, mais les moissonneurs : à chacun son rôle.  A la fin du monde, ce sont les anges qui enlèveront tous ceux qui font tomber les autres et ceux qui commettent le mal, et ils les jetteront dans la fournaise de feu.

 

Prions beaucoup l’Esprit Saint et la Vierge Marie notre Mère. Qu’ils nous aident à comprendre que le seul juge, c’est Jésus, qui jugera à la fin du monde : les méchants et les pécheurs seront jetés dans la fournaise et les justes brilleront comme le soleil. Rappelons-nous ce que nous a dit le Pape Benoit XVI, un dimanche, à l’Angelus : l’enfer existe, et il n’est pas vide.

 

+Mgr Bernard NSAYI

Evêque émérite de Nkayi