Dieu veut sauver tous les hommes |
Dieu veut sauver tous les hommes (20ème dimanche du temps ordinaire – Année A)
Texte 1 : Isaïe 56, 1. 6-7 = Ma maison sera appelée maison de prière pour tous les peuples
Dans la troisième partie du livre d’Isaïe, nous sommes ici dans le passage qui parle du retour de l’exil : un temps difficile qui demande que la parole de Dieu soit écoutée et mise en pratique. C’est une exigence incontournable, par laquelle il faut toujours passer si les hommes veulent être sauvés par le Seigneur. Cette exigence trouve son origine d ans le fait que Dieu est juste et son salut est justice. Pour bénéficier de ce salut il faut « observer le droit et pratiquer la justice.» (cf. verset 1). C’est comme si le prophète voulait nous inviter à être juste comme notre Seigneur est juste.
Cette exigence concerne en premier lieu le peuple choisi, mais non seulement lui. Même les étrangers sont invités à entrer dans la dynamique du peuple élu. Ils doivent bien savoir ce qu’ils ont à faire : s’attacher au Seigneur, observer le sabbat sans le profaner, être fermement attaché à son alliance. L’adhésion au Seigneur est présentée avec son contenu : pour le servir, pour aimer son nom, pour être ses serviteurs. Bien noter qu’il ne s’agit pas de pratique quelconque, mais d’une réponse personnelle à la personne du Seigneur. Il est facile de comprendre pourquoi une formation est évidemment nécessaire pour connaître et vivre ce que le Seigneur demande. Si les étrangers remplissent ces conditions, le Seigneur leur répondra : il les conduira, les comblera de joie et acceptera leurs offrandes. Sa maison, qui est une maison de prière, sera appelée maison de prière pour tous les peules (cf. verset 7).
Texte 2 : Psaume 66: Le psalmiste nous invite à louer le Seigneur. Il nous invite à dire avec lui : Tous les peuples louez le Seigneur, alléluia !
Texte 3 : Romains 11, 13-15. 29-32 = Dieu a enfermé tous les hommes dans la désobéissance pour faire à tous miséricorde (cf. verset 29) L’apôtre Paul se présente comme l’apôtre des nations, c’est-à-dire des nations païennes, des non juifs. Et donc l’apôtre des Romains (eux aussi non juifs), et donc aussi de nous tous qui ne sommes pas juifs. Il le dit avec l’espoir – étonnant – d’exciter la jalousie de ceux de son sang et d’en sauver quelques-uns. Leur mise à l’écart a été une chance de réconciliation pour le monde, pour nous. Leur réadmission sera une véritable résurrection (versets 13-14).
Paul ne désespère pas pour ses frères de sang qui n’ont pas adhéré au Christ. En effet, ils ont été choisis une fois pour toutes, car « les dons de Dieu sont sans repentance (cf. verset 29) · Dans le passé, nous étions dans la désobéissance vis-à-vis de Dieu. · Maintenant, par la miséricorde de Dieu, nous sommes réconciliés avec Dieu · Maintenant, le peuple choisi, est en grande partie, dans la désobéissance. · Mais dans le futur, par la miséricorde de Dieu, eux aussi seront réconciliés avec Dieu. La désobéissance a sa racine dans un homme : Adam. L’obéissance et la réconciliation, elles, se réaliseront grâce à un homme, le nouvel Adam, Jésus-Christ, mort et ressuscité pour nous. Mais attention, le salut de Dieu est gratuit, mais nous devons le mériter. Nous devons obéir à Dieu, en faisant sa volonté, en évitant le mal, pour mériter le salut de Dieu.
Texte 4 : Mt 15, 21-28 = En Jésus, Dieu vient sauver et les fils d’Israël et tous les autres L’évangile continue le thème de Dieu qui, par Jésus, vient pour sauver tous les hommes. Oui, pour sauver tous les hommes, et les fils d’Israël, selon la chair, et ceux qui ne sont pas fils d’Israël selon la chair. Mais tous, aussi bien les fils d’Israël selon la chair que ceux qui ne sont pas fils d’Israël selon la chair, doivent croire en Jésus-Christ pour être sauvés. C’est le message essentiel de l’évangile de ce dimanche.
Le salut que nous apporte Jésus, par sa mort et sa résurrection, concerne tous les hommes et toutes les femmes, de tous les temps et de tous les lieux, de tous les continents, de tous les pays, de toutes les nations, de toutes les régions, de toutes les familles, de tous les villages, de toutes les maisons, de toutes les langues, de toutes les tribus, de toutes les cultures. C’est un salut universel. Son salut est en même temps un appel, une invitation, un message, une invitation à changer de mentalité, notre manière de penser et de vivre, notre manière d’aborder, de regarder et de considérer l’autre et les autres. C’est une invitation à ne mépriser personne, selon l’invitation du Seigneur : « Tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le vous-mêmes pour eux : voilà la loi et les prophètes » (Mt 7, 12). Mais voyons ce message dans l’évangile de ce dimanche.
La scène se situe dans la région de Tyr et de Sidon, un territoire non juif, un territoire de païens. Les protagonistes sont tour à tour Jésus (1), la femme (2) et sa fille (3), les disciples (4), les brebis perdus de la maison d’Israël (5), les enfants (6), les petits chiens (7).
Jésus est le personnage principal. Ensuite viennent la femme et les disciples. Jésus dit explicitement qu’il a été envoyé pour les brebis perdues de la maison d’Israël. Entendons : il est venu d’abord pour les brebis perdues de la maisons d’Israël, sans exclure ceux qui ne sont pas de la maison d’Israël : c’est ainsi que l’a compris mystérieusement la femme.
Les brebis perdues de la maison d’Israël, ce sont les enfants de la maison, à qui appartient le pain. Les autres ne font pas partie de la maison, ce sont les étrangers, les non juifs. Et Jésus les appelle par un nom qui nous surprend « les petits chiens » (cf. versets 26 et 27). Mais cette expression porte un message toujours actuel : le mépris des hommes vis-à-vis d’autres hommes qui sont différents. Par exemple, le mépris des natifs d’un pays, d’une région, vis-à-vis des autres qui vivent avec eux ; par exemple les natifs d’un continent vis-à-vis des étrangers venant d’autres continents. Jésus montre qu’il faut dépasser ces clivages, parce que tous les hommes sont enfants de Dieu, parce que lui, Jésus est venu pour les sauver tous.
La femme est le symbole du non juif, de l’étranger, du méprisé, du rejeté, du pauvre. Mais elle est aussi le symbole merveilleux du croyant, de celui qui rencontre Dieu et qui croit réellement que Dieu, qui est tout puissant, l’aime et peut la sauver, elle et sa fille. Et Jésus donne une réponse positive à sa requête faite avec foi et insistance (verset 22, 23, 25, 27). Elle obtient la guérison de sa fille (verset 28b). Elle est aussi un modèle admirable de prière confiante.
Cet évangile est une invitation à croire en Jésus sauveur et guérisseur. Mais c’est surtout une invitation à changer de mentalité, notre façon de vivre avec les autres, avec ceux qui sont différents de nous. Invitation à casser les barrières que nous érigeons entre nous et les autres. Restons ouverts vis-à-vis de tous les hommes. Aimons tous hommes comme nous le montre Jésus dans cet évangile.
+Mgr Bernard NSAYI Evêque émérite de Nkayi
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