Les Saintes Ecritures dans la vie du chrétien

 

Les Saintes Ecritures dans la vie du chrétien

 

Le Concile Vatican II a défini la Parole de Dieu comme le cœur de la vie de l’Eglise, de sorte que son ignorance est simplement l’ignorance du Christ, selon les mots de Saint Jérôme repris par la Constitution dogmatique sur la Révélation Divine, Dei Verbum (n° 25). Ainsi, lorsque nous parlons de l’usage de la Parole de Dieu par les chrétiens, nous faisons allusion à une réalité essentielle, sans laquelle le peuple de Dieu ne saurait exprimer sa foi au Dieu de Jésus-Christ, le Dieu-Trinité. La force et la puissance que porte la Parole de Dieu sont telles que L’Eglise n’a pas d’autre appui en dehors d’elle (1Th 2,13 ; He 4,12-13). C’est elle qui nous révèle la face de Dieu ; parce que cette parole s’est faite chair et est venue habiter au milieu de nous (Jn 1,14). Elle est devenue en même temps pour les enfants de Dieu, la force de leur foi, la nourriture de leur âme, la source pure et intarissable de leur vie de communion avec Dieu[1]. Lors de la célébration du 40ème anniversaire de la Constitution Dei Verbum (en septembre 2005, à Rome), le Pape Benoît XVI a de nouveau souligné l’importance des Saintes Ecritures en en reprenant quelques idées force. C’est sur cette même perspective que nous voulons nous situer au long de cette réflexion.

 

Celle-ci veut considérer de manière particulière la situation de notre Église qui est au Congo qui, après cent vingt cinq ans d’évangélisation, cherche à enraciner dans sa vie la foi reçue, qu’elle doit transmettre à son tour, comme héritage aux générations futures (1Cor 11,23). Ceci est une donnée importante pour nous, conscients que nous ne serons vraiment Eglise que dans la mesure où nous prendrons au sérieux le fait de la Parole de Dieu.  Cette réflexion est rendue aussi nécessaire par la présence dans notre société congolaise des nouveaux mouvements religieux (couramment appelés sectes) qui se distinguent entre autres par l’usage qu’ils font de la Bible, lequel usage nous déconcerte souvent, mais aussi nous interpelle ; parce que c’est aussi là que se trouve le défi pour notre jeune Eglise.

 

L’Eglise vit de la Parole de Dieu. Ainsi, en est-il de tout homme qui y adhère. « L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de tout ce qui sort de la bouche de Dieu » (Mt 4,4 ; cf. Dt 8,3).

Dans la Sainte Ecriture, le Christ est présent, comme il l’est aussi dans le sacrement de son corps et de son sang. C’est en fait ce qui nous pousse à cultiver la lecture assidue et priante de la Parole de Dieu (Jn 14,23) ; celle-là même qui émaille nos liturgies, féconde notre prière et surtout nous porte à la connaissance du Christ.

 

Dans la lecture de la Sainte Ecriture, la référence à l’Eglise, la communauté des enfants de Dieu, est importante. Aucune écriture, dit la seconde lettre de Pierre, ne doit être sujette à interprétation personnelle (2 Pi 1,20). C’est l’Esprit Saint qui a inspiré les Ecritures. Et c’est donc sous la conduite du même Esprit qu’elles doivent être lues et interprétées, parce qu’il assiste l’Eglise pour l’aider à les comprendre ; sans oublier la fonction permanente de la tradition vivante de l’Eglise elle-même aussi vivante, de la tradition apostolique au sein de l’Eglise. Celle-ci est l’interprète authentique des Saintes Ecritures. La Parole de Dieu a été confiée avant tout à la communauté des croyants. Elle l’écoute et y obéit, et elle a, de ce fait, le droit de l’interpréter positivement, directement et infailliblement. Le chrétien qui veut lire individuellement la Bible, doit toujours prêter attention à l’Eglise, sa communauté de foi. En effet, le lien entre la Parole de Dieu et l’Eglise est indissociable. La fidélité donc à l’Esprit qui a inspiré la Parole exige la communion avec l’Eglise.

 

Dans sa Lettre Pastorale post conflit, Monseigneur Anatole Milandou rappelait que « le chrétien n’a pas un autre enseignement que celui du Pape, des évêques et des prêtres »[2]. Mais ceci n’enlève en rien l’exigence de lire individuellement la Bible. Ce qu’il faut tenir toujours en considération, c’est le lien de communion avec sa communauté de foi. La lecture de la Parole de Dieu s’ouvre à une multitude de sens, mais aucun sens ne doit être contraire à la foi. L’analogie de la foi (et donc la foi de l’Eglise reçue des apôtres) doit alors être la règle de base qui éclaire notre lecture et notre interprétation des Écritures.

 

Le rapport entre l’Eglise et la Parole est un rapport de soumission, d’obéissance. L’Eglise, avons-nous dit, « écoute religieusement »[3] la Parole de Dieu. Elle y obéit. Quand bien même cette parole fait l’objet de l’étude scientifique, chose du reste nécessaire, elle ne la manipule pas ; et ne devrait pas en être ainsi. Ce n’est pas nous qui lui demandons ce qu’elle doit nous dire. Notre attitude par rapport à la Parole de Dieu est l’écoute et la prière. L’une des prières principales qui accompagne la vie spirituelle du peuple de la Première Alliance commence par « écoute, Israël » (Dt 6,4). C’est de cette manière qu’elle devient source féconde pour notre foi, la clé pour entrer en communion et en communication avec Dieu. C’est le chemin pour aller boire à la source d’eau vive qui étanche notre soif (Jn 4,10). C’est ainsi qu’elle peut devenir lampe sur nos pas et lumière sur notre route (Ps 119,105). C’est ce qui nous donne aussi de pouvoir être au service de cette même parole (Rm 1,1).

 

Une prise en considération toujours croissante de la Parole de Dieu par notre Eglise est nécessaire. Une pratique en vue de sa diffusion est urgente. C’est ainsi que notre Eglise sera toujours « sacrement » de la présence de Dieu au milieu du monde, signe et moyen d’opérer l’union intime entre Dieu et les hommes et les hommes entre eux[4], instrument qui porte aux sources du salut.

 

                                   Ildevert Mathurin MOUANGA



[1] Cf. Concile Oecumenique Vatican II, Constitution dogmatique Dei Verbum (18 novembre 1965), 21.

[2] A. Milandou, Lettre Pastorale post conflit : Ouvrons les chemins de résurrection (18 août 2000).

[3] Dei Verbum, n. 1.

[4] Concile Oecumenique Vatican II, Constitution dogmatique Lumen Gentium (21 novembre 1964), 1.